9 août 2010

La pitié

       Dans L’Art de la méditation de Matthieu Ricard, je lis la phrase suivante :

      L’amour altruiste et la compassion sont les fondements du bonheur authentique.

       Or, dans la Bhagavad-Gita, on peut lire :

       Tu t’apitoies là où la pitié n’a que faire, et tu prétends parler raison. Mais les sages ne s’apitoient ni sur qui meurt ni sur qui vit.

       Et dans le fameux Tao-tö king de Lao-tseu :

       Le saint n’a point d’affections humaines ; le peuple lui est comme chien de paille.
         
       Et, de fait, le bouddhisme primitif ne prônait aucunement la compassion, et ne prétendait pas être autre chose qu’une voie de salut individuelle. C’est le bouddhisme dit du Grand Véhicule, apparu plus tard, qui a placé la compassion au centre de son éthique. C’est que la pitié, loin d’être reconnue comme un principe spirituel authentique, était condamnée par toutes les religions et toutes les sagesses de l’Antiquité. Platon, les stoïciens, Cicéron, Epictète, tous nos philosophes antiques condamnaient fermement la pitié, la considéraient comme une faiblesse et un danger pour l’individu. Ils estimaient que le premier devoir de chacun, envers soi-même comme envers les autres, était d’être sain, et assimilaient la pitié à une maladie de l’âme. Puis le christianisme est arrivé, qui a changé la donne…
       Faut-il promouvoir la pitié et la compassion ? Il est bon de savoir, en tout cas, qu’il ne s’agit nullement là d’une valeur universelle, reconnue par toutes les voies de sagesse qui se sont offertes aux hommes au cours des âges.

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