22 octobre 2010

Les vrais responsables

      Mon intention, en créant ce blog, était de parler avant tout de littérature. Mais toute l’atmosphère intellectuelle en France est envahie par la politique, il est devenu impossible de se préoccuper d’autre chose. Je vais donc donner mon opinion sur la situation actuelle.
       Je pense que la politique menée actuellement par le président de la République est honteuse, inefficace et criminelle. Je ne rentre pas dans les détails. Je crois que la situation va continuer à se détériorer, les tensions vont atteindre un degré explosif, des gens vont mourir. Puis, il y aura sans doute une révolution, et les choses, peu à peu, vont finir par rentrer dans l’ordre. Tout cela est écrit, inéluctable, ce n’est pas la peine d’insister. Mais la question qu’il faudra bien se poser, un jour ou l’autre, est la suivante : qui est le responsable de cet immense gâchis ? La réponse, que personne n’ose formuler, est la suivante : le vrai responsable, c’est le peuple français. Je soutiens qu’en 2007 les Français ont délibérément choisi le candidat le plus vulgaire et le plus populiste, parce qu’ils avaient soif de cela, de vulgarité et de populisme. Après cinq présidents raffinés et cultivés, les Français se sont lassés de l’intelligence qu’ils ont assimilée à l’immobilisme, ils ont sincèrement cru qu’un président plus primaire, plus bête, changerait davantage les choses. Mus par de vils instincts matérialistes, ils ont accepté, en pleine conscience, de sacrifier une partie des valeurs de la France contre un accroissement escompté de leur prospérité, de leur « pouvoir d’achat » comme on disait alors. Bien entendu, cet accroissement n’est pas venu, et comme à chaque fois qu’on renonce à ses valeurs, c’est le contraire qui s’est produit. Les Français se sont alors réveillés (ou se réveilleront, pour les plus lents d’entre eux), non seulement plus pauvres, mais avec un exécutif d’une indignité jusqu’alors inédite. On serait tenté de dire : bien fait pour eux. Comme toujours, la colère succède aux pulsions frustrées, et c’est le spectacle de l’épanouissement de cette colère que nous réservent les mois à venir. Tout cela est triste, bien triste.

8 octobre 2010

Terminator

      Terminator de James Cameron (1984) est, selon moi, le meilleur film de tous les temps. Je le dis sans ironie. C’est un film proprement sublime. Jamais l’héroïsme n’avait été représenté à un tel degré dans la production artistique occidentale. Kyle Reese, ce jeune homme venu d’un futur apocalyptique, dans lequel il a vécu l’enfer (il était chargé de ramasser les cadavres dans les camps d’extermination mis en place par les Machines pour éradiquer la race humaine), débarque en 1984 dans un monde inconnu pour lui, et doit faire face à un robot littéralement invincible pour sauver le dernier espoir de survie de notre espèce, à savoir Sarah Connor, qui devra un jour donner naissance à John Connor, le futur vainqueur de la guerre contre les Machines. Sa vie n’est que devoir, lutte, souffrance. Et là, au milieu du film d’action le plus palpitant, le plus noir, comme l’unique lueur d’espoir dans un monde condamné, surgit tout à coup l’histoire d’amour la plus sublime qui soit, un amour fulgurant (une seule nuit) entre deux êtres au bord du précipice, entre Sarah et Kyle. J’en ai des frissons rien qu’en l’écrivant. C’est de cette unique étreinte que naîtra John.
       Tout est parfait dans ce film : la mise en scène sombre et nerveuse de James Cameron, la présence incroyable d’Arnold Schwarzenegger, la musique, tout. Ce que Cameron a retrouvé, à partir d’une histoire de science-fiction comme tant d’autres, c’est le mythe. Terminator est le mythe du vingtième siècle. L’amour, la peur, la volonté de survivre, tout dans Terminator est présent à son paroxysme, sous sa forme la plus viscérale et la plus intense. Et il se dégage de tout cela, du combat désespéré de Kyle et de Sarah, une noblesse infinie. C’est qu’ils ne se battent pas seulement pour eux, mais pour l’humanité tout entière, et que la menace qui pèse sur eux prend de ce fait des proportions mythiques.
       Je crois que je pourrais écrire sans fin sur Terminator. Il n’y a pas deux films comme celui-là.

4 octobre 2010

Pas de pardon pour d'Ormesson

      Lorsque j’avais quinze ans, j’aimais bien Jean d’Ormesson. Son Autre histoire de la littérature française m’avait tenu compagnie à la fin de mon adolescence, et avait accru ma familiarité avec nos grands auteurs. Avec son œil bleu pétillant de malice et sa verve inépuisable, il me séduisait. Je trouvais en lui un certain raffinement un peu suranné qui contrastait avec la vulgarité de l’époque. Pendant toutes ces années, il m’est resté sympathique, et je le suivais avec plaisir chaque fois (et c’était souvent) qu’il passait à la télé.
       Puis, à mon grand désappointement, il a soutenu Nicolas Sarkozy en 2007. Quelque chose s’est alors déchiré entre lui et moi. Lorsque j’ai constaté que ce soutien a depuis été réitéré, malgré tout ce que l’on a vu, je me suis dit que j’avais dû me tromper sur Jean d’Ormesson, et que les valeurs humanistes fondamentales, en lui, ne primaient pas sur des considérations partisanes. Tout ce que Jean d’Ormesson représentait à mes yeux s’oppose tellement à ce qu’est Nicolas Sarkozy, que j’ai dû me rendre à l’évidence, et reconnaître mon erreur. Depuis, je n’ai pas de haine envers Jean d’Ormesson, mais je n’ai plus d’estime pour lui. C’est un auteur charmant, mais mineur. L’essentiel lui manque. Je ne pourrai pas lui pardonner d’avoir sombré, lui aussi, dans la médiocrité et l’aveuglement de la majorité des électeurs.

1 octobre 2010

Alexandre Jollien

      J’ai lu le dernier ouvrage d’Alexandre Jollien, Le Philosophe nu, et je dois dire que je n’ai pas trop aimé. Alexandre Jollien est certainement un individu attachant, plein de qualités, et sachant manier la plume, mais sa philosophie, fondée sur la joie, l’acceptation du réel, me semble totalement inopérante. Lui-même en fait d’ailleurs l’aveu dans cette sorte de journal, où, avec franchise, il relate ses tourments, et dévoile une existence à mille lieues du détachement tant espéré.
      C’est qu’on ne peut pas prôner à la fois un mode de vie philosophique et chercher son bonheur dans la vie familiale, dans les rencontres, etc. Un philosophe marié, avec des enfants, ce n’est déjà pas très sérieux… Au fond, il n’y a qu’une seule voie vers la sagesse, défendue par tous les grands philosophes de l’Antiquité, en Grèce, en Inde, en Chine, partout, et que personne n’ose promouvoir aujourd’hui : c’est le détachement, l’indifférence, la maîtrise de soi, l’étouffement des passions, le repli sur ce qui dépend de nous, la contemplation des réalités éternelles et intangibles. Dès lors que l’on se compromet avec le monde concret, avec la société, dès lors que l’on accepte de jouer un rôle dans la comédie humaine, il n’y a plus de pureté, il n’y a plus de bonheur possible.