9 mars 2016

Jean-Paul Sartre, l'homme qui valait n'importe qui


       Longtemps, j’ai buté sur la dernière phrase des Mots de Sartre : « Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui ». J’y voyais une affectation de modestie, une pure jonglerie verbale. Quoi ! me disais-je, Sartre vient de prouver sa virtuosité sur près de deux cents pages, et il termine en se mettant au niveau de « n’importe qui »… Je ne comprenais tout simplement pas cette phrase.
       Ce n’est que bien plus tard, en lisant L’Être et le Néant, que la parfaite sincérité de cette sentence commença à m’apparaître. Ce qui me décontenançait, dans L’Être et le Néant, c’est l’absence de toute visée « axiologique », de tout jugement de valeur. Jusqu’alors, tous les penseurs que j’avais lus proposaient un sens à l’existence, un but vers lequel devait tendre la nature humaine : pour Platon c’était le philosophe, pour Sénèque le sage, pour Kant la loi morale, pour Schopenhauer l’artiste de génie ou l’homme ayant percé l’illusion du « voile de Maya », etc. Mais ce que postulait Sartre, c’est qu’il n’y a aucune différence d’essence entre les individus, que les structures fondamentales de la conscience sont universelles, qu’au fond il n’y a que la liberté, une liberté totale et inconditionnelle à laquelle tout homme est « condamné ». Et c’était là sa conviction profonde : tout homme en vaut un autre. Dès lors, chaque création humaine, chaque destin particulier devient parfaitement intelligible : je peux comprendre les œuvres de Kant, Einstein ou Beethoven aussi clairement que si je les avais produites moi-même, puisqu’il n’y a aucune essence individuelle qui me sépare d’elles.
       Cette position philosophique explique aussi le parcours politique de Sartre : il aurait pu finir à l’Académie, dans les salons mondains ou sur les plateaux de télévision. Au lieu de cela, il a refusé le prix Nobel et le Collège de France, il distribuait La Cause du peuple et haranguait les ouvriers de Billancourt juché sur un tonneau. Nulle pose, nulle posture dans cette conduite, mais l’affirmation entêtée que tout homme en vaut n’importe quel autre, que toute supériorité sociale ou honorifique tient de l’imposture.

       Je suis loin de partager toutes les idées de Sartre, certaines de ses attitudes personnelles me semblent tout sauf exemplaires. Mais quand je vois l’évolution des mentalités dans notre société, le culte de l’apparence, de l’argent et de la réussite qui s’étale sans complexe sur nos écrans et dans nos rues, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’un authentique philosophe tel que lui ne pourrait pas nous faire de mal.



        Citations

       « Ce n'est pas un orgueil qui porte sur ma personne, Jean-Paul Sartre, individu privé, mais plutôt sur les caractéristiques communes à tous les hommes. Je suis orgueilleux de faire des actes qui ont un commencement et une fin, de changer une certaine part du monde dans la mesure où j'agis, d'écrire, de faire des livres - tout le monde n'en fait pas mais tout le monde fait quelque chose - bref, mon activité humaine, c'est de cela que je suis orgueilleux. »

       Jean-Paul Sartre, cité dans Simone de Beauvoir, Entretiens avec Jean-Paul Sartre. Août-septembre 1974.

       « Le prix Nobel, je suis en totale contradiction avec lui parce qu'il consiste à classer les écrivains. (...) C'est une notion absurde ; cette idée de mettre la littérature en hiérarchie, c'est une idée complètement contraire à l'idée littéraire, et au contraire parfaitement convenable pour une société bourgeoise qui veut tout intégrer. Si les écrivains sont intégrés par une société bourgeoise, ils le seront en hiérarchie, parce que c'est comme ça en effet que se présentent toutes les formes sociales. La hiérarchie, c'est ce qui détruit la valeur personnelle des gens. Être au-dessus ou au-dessous, c'est absurde. Et c'est pour ça que j'ai refusé le prix Nobel, parce que je ne voulais en aucun cas être considéré comme l'égal de Hemingway, par exemple. »

       Jean-Paul Sartre, cité dans Simone de Beauvoir, Entretiens avec Jean-Paul Sartre. Août-septembre 1974.

8 commentaires:

  1. Passionnant comme toujours...Comme toujours en tendre désaccord avec vous!Il n'est pas le remède à notre matérialisme, il en est la cause, car si l'essence n'est qu'illusion et les hommes indifférenciés quelle ambition reste -t-il?Je peux comprendre clairement les génies,soit,quand on s'appelle Sartre déjà, mais je ne puis seulement les imiter, pas même lui.Je n'ai pas le courage de rechercher mes sources pour les citer mais un professeur de la Sorbonne m'avait révélé quand j'étais son élève que Sartre avait renié son oeuvre en fin de vie en suppliant ses proches de détruire son oeuvre pour "qu'elle n'empoisonne pas la jeunesse." Il ne peut plus nous faire de mal c'est déjà fait.

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  2. Ma foi, chère Orfeenix, merci pour ce commentaire, voilà un avis qui a le mérite d’être tranché ! Sartre est un personnage extrêmement clivant. Je ne vois guère que François Mitterrand qui ait suscité autant de haine que lui au vingtième siècle (deux profils que l’on peut rapprocher d’ailleurs, des hommes issus de la haute bourgeoisie et qui ont rompu les amarres avec leur milieu pour finir par incarner la gauche).

    Je ne dirais pas que les hommes sont indifférenciés, mais qu’ils sont tous également libres de devenir ce qu’ils veulent devenir. Et si la communication est possible, si l’émotion artistique est transmissible et contagieuse, c’est bien qu’il n’y a pas de barrière infranchissable entre les subjectivités…

    Les derniers jours de Sartre ont été racontés de manière très crue dans un très beau livre de Simone de Beauvoir, « La Cérémonie des adieux ». Il est vrai qu’à la veille de mourir, Sartre a pris des positions qui ont décontenancé ses proches les plus intimes. J’y vois un dernier sursaut de liberté, le refus de se laisser enfermer dans la statue « Sartre » que les autres avaient forgé pour lui. Je ne suis pas un inconditionnel de Sartre, mais il m’a toujours beaucoup intéressé, contrairement à Camus par exemple. Son « Baudelaire » est un modèle d’intelligence et d’incompréhension de ce qu’est la poésie. Il a peut-être fait plus de mal que de bien, perverti toute une génération. On disait la même chose de Gide. Le débat reste ouvert, je pourrais argumenter pendant des pages, mais je vais rester laconique et me contenter de dire que lorsqu’un philosophe divise et dérange, c’est plutôt bon signe en général !

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  3. Vous vous régalez en Jean-Paul Sartre, cher Laconique ! Et en faites profiter vos innombrables lecteurs. Comme le dit Orfeenix, qui m'ôte les mots de la bouche, "passionnant comme toujours".

    Bon, je ne suis pas fan de Sartre, mais vous me réconcilieriez presque avec lui. C'est vrai que cette phrase prétexte à votre brillant article est empreinte d'authenticité et de "parfaite sincérité", ce qui n'est pas l'apanage de Sartre pourtant.
    Puis il pose bien son truc, cette phrase, c'est la base, la condition sine qua non de son "existence précède l'essence" en quelque sorte...

    En tout cas, comme vous le faites remarquer avec pertinence, l'idée a le mérite d'être saine et subversive dans notre société du "culte de l’apparence, de l’argent et de la réussite". Elle appartient à une autre époque, à la mentalité différente...

    Concernant les citations, la seconde rejoint l'idée développée dans votre article, elle l'éclaire encore un peu plus, mais je n'aime pas trop la première : être "orgueilleux" de son "activité humaine", c'est déjà faire montre de trop de prétention et oublier ce que l'on vaut, l'insignifiance que représente l'être humain. Steinbeck l'exprime bien dans son roman dont le titre est emprunté à un poème de Robert Burns : "Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas".
    Ce Sartre a oublié le rat qu'il était avec le succès et je ne peux pas lui pardonner d'avoir frayé à outrance lorsqu'il en a eu l'occasion. Il y a chez lui une mentalité de jouisseur qui ne me plaît pas.

    PS : Je vous signale une petite coquille à la fin du premier paragraphe, cher Laconique. Je suis expert en inattentions de ce genre, que vous me faites remarquer heureusement à chaque fois, et pour une fois que je peux vous rendre la pareille, je ne vais pas m'en priver !

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  4. Eh oui cher Marginal, j’ai des goûts un peu désuets, j’ai cinquante ans de décalage, c’est vrai qu’on peut dire que je me suis toujours régalé en lisant Sartre. « Huis clos » j’ai adoré quand j’avais quinze ans. « Les Mots », « Baudelaire », « L’Être et le néant », « Les Carnets de la drôle de guerre », la biographie d’Annie Cohen-Solal, « La Force de l’âge » de Simone de Beauvoir, tout ça n’a cessé de me passionner, par intermittence il est vrai. Il me reste encore « La Nausée » à lire. Je trouve ça fascinant, ce petit garçon malingre, au physique monstrueux, qui, à force de volonté, a dominé toutes les disciplines intellectuelles, philosophie, théâtre, roman, journalisme, et qui s’est, effectivement, on ne peut pas le nier, tapé une belle brochette de groupies. Je remarque que vous êtes très pointilleux sur la sexualité des grands hommes, Gide, Platon, Mitterrand aussi sans doute, aucun n’échappe à votre vigilance en ce domaine ! Que voulez-vous, tout le monde n’est pas Gandhi… Mais je ne pense pas que Sartre ait été particulièrement « jouisseur », au sens sensuel du terme, pour lui la femme était avant tout un moyen de s’approprier le monde (d’où ses nombreuses conquêtes étrangères, il lui fallait un intermédiaire féminin pour s’approprier une culture donnée).

    Oui, « l’existence précède l’essence », vous avez parfaitement saisi l’articulation entre la philosophie existentialiste de Sartre et ses opinions anti-élitistes poussées à outrance. Comme vous le dites, tout cela est le reflet d’une autre époque, une époque où c’était le parti communiste et non le FN qui faisait 30 %, où on fumait sur les plateaux de télé, l’époque de Gainsbourg et de Bukowski. On ne peut pas s’empêcher d’éprouver de la nostalgie quand on compare cette époque à la nôtre. D’où le dilemme : faut-il s’adapter et renoncer à sa nature profonde, ou bien s’auto-exclure de la société ? C’est là une thématique amplement développée sur lemarginalmagnifique.com !

    Je retrouve également dans votre commentaire vos tendances antispécistes qui refont surface ! C’est un débat qu’on a eu mille fois, je sais que c’est une de vos convictions les plus profondément enracinées, mais vous ne pouvez pas empêcher qu’elle soit en opposition avec une notion fondamentale en Occident, l’humanisme, notion qui ressurgit à chaque étape de notre histoire : la Bible, la philosophie grecque, l’humanisme de la Renaissance, les Lumières, le marxisme, l’humanisme existentialiste, etc. Et Sartre était un pur produit de cette tradition occidentale.

    Merci pour la coquille, cela fait plaisir d’avoir un lecteur aussi attentif et pointilleux. Mais cela fait longtemps que je ne vous ai pas repris, cher Marginal, vos derniers poèmes témoignent d’un perfectionnisme et d’un soin porté à la forme qui feraient passer Kubrick pour un amateur, lesquels ne nuisent pourtant jamais à la spontanéité de l’expression !

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  5. Ha, J. P. Sartre... Vous surprendrais-je, cher Laconique, si je vous dis qu'à l'inverse d'un de mes amis (qui se trouve être militant au PCF), j'ai toujours eu une franche hostilité pour ce personnage, et ce, à tous les stades de mon évolution politique (souvenir, souvenir...). Encore la politique, me direz-vous, mais je ne suis pas de ceux qui arrive à séparer l'homme et l'œuvre, et concernant Sartre, je ne me suis pas encore confrontée à la seconde, je ne peux donc que me rabattre sur le premier.

    Sans doute Sartre était-il un philosophe, on ne comprendrait pas, à l’inverse, pourquoi Raymond Aron s’est donné la peine de répliquer à la Critique de la Raison dialectique. Mais sans doute pas un très bon. Avec l’existentialisme, le sujet devient un être perdu dans une liberté ontologique assez vaporeuse et sans historicité (en cela Sartre perd probablement un des traits sympathiques que le marxisme avait conservé de la modernité philosophique). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, immédiatement après Sartre et contre lui, la scène intellectuelle française voit surgir le structuralisme, qui (avec la même cécité en matière de constitution historique desdites structures), va essayer de remettre en avant les déterminations qui s’imposent au sujet (mais en perdant largement de vue la perspective de leur dépassement).

    Toujours est-il que l’absoluité naïve de la liberté sartrienne et son égalitarisme insensé (évoqué par votre billet, et non exclusif d’un certain « paternalisme » militant) ne l’ont nullement empêché de s’associer politiquement aux pires idéologies politiques, de la loyauté au stalinisme orthodoxe (« La liberté de critique est totale en URSS et le citoyen soviétique améliore sans cesse sa condition au sein d’une société en progression continuelle. » -Jean-Paul Sartre, de retour d’URSS, Libération, 15 juillet 1954 ; « Le résultat de cette affaire [le rapport Khrouchtchev] aura été de découvrir la vérité pour des masses qui n’étaient pas prêtes à la recevoir. » -Jean-Paul Sartre, L’Express, 9 novembre 1956.), à la célébration gauchiste de la violence (« Un régime révolutionnaire doit se débarrasser d’un certain nombre d’individus qui le menacent, et je ne vois pas d’autres moyens que la mort. On peut toujours sortir d’une prison. Les révolutionnaires de 1793 n’ont probablement pas assez tué. » -Jean-Paul Sartre, au magazine Actuel, 28/02/1973), jusqu’au maoïsme du début des seventies… D’où une interrogation légitime entre l’infamie de celles-ci et la probable indigence conceptuelle de celles-là.

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  6. Décidément, cher Johnathan Razorback, il semble que ce pauvre Sartre fasse l’unanimité contre lui ! Je distingue deux strates dans vos griefs, le plan politique et le plan philosophique (le plan sexuel ayant été accaparé, comme il se doit, par le Marginal). Je vais donc essayer de répondre dans l’ordre.

    - Tout d’abord, j’ai parcouru avec beaucoup d’intérêt vos écrits proposés en lien, notamment votre Contre Lénine. Portrait d’une trahison. Cent-seize thèses sur la contre-révolution bolchevik. C’est assez impressionnant par la densité de la documentation et la virulence du style. On sent que vous possédez votre sujet à fond, ça change des robinets d’eau tiède qui se déversent un peu partout. Ce qui est troublant, c’est la violence extrême du propos (thèse 93 : « Lénine est le vrai nom de la Mort »). Si je faisais le critique littéraire avec vous, je dirais que si vous arriviez à conserver vos qualités indéniables (acuité conceptuelle, maîtrise des sources, aristocratie foncière du propos), tout en atténuant certains défauts (logique binaire (libéralisme = bien, socialisme = mal), agressivité latente, dérapages dans l’excessif, côté procureur, « Fouquier-Tinville »), alors Michel Onfray et Michel Houellebecq n’auraient qu’à bien se tenir, et je serais friand de vous voir jouter avec eux !

    - Bon, revenons à Sartre. Vous sous-entendez que Sartre est un piètre philosophe. En cela, vous rejoignez la doxa dominante, selon laquelle il a été « ringardisé » par le structuralisme. Vous comprendrez bien que ce n’est pas dans ce commentaire que je vais me livrer à une apologie de « L’Être et le Néant ». Je vous dirai juste ceci : pour moi c’est sans doute le livre de philosophie le plus stimulant et le plus revigorant que j’aie lu. Sartre dynamite tous les systèmes, tous les carcans (le poids du passé, le mythe d’une identité permanente et intangible qu’on traînerait après soi comme un boulet, l’esprit de sérieux selon lequel l’individu doit se laisser dicter sa valeur par les autres, par le monde, etc.). Il opère une jonction entre la démarche phénoménologique et l’ancestrale proclamation de la liberté de l’individu dans la lignée des Stoïciens, et ceci dans un style virtuose. Certains prétendent que tout est pompé sur Heidegger, sur Husserl. Je vous donne mon ressenti subjectif, et je vous dis juste que dans aucun autre ouvrage je n’ai senti une telle puissance du discours philosophique, une telle capacité à changer le regard que l’on porte sur l’existence. J’ai découvert ce livre il y a dix ans, en 2006, et je m’en souviens encore, j’avais l’impression d’entrer en contact direct avec Socrate. (Bien entendu, il faut dépasser la barrière de la terminologie, tous ces termes barbares, « en-soi », « pour-soi », « facticité », « non-thétique », etc., et se projeter dans ce que cela implique concrètement.)

    - Pour la politique, vous auriez également pu citer la phrase célèbre : « Tout anti-communiste est un chien », ou l’appel à tuer les colons français dans la préface des « Damnés de la terre ». Je ne vais pas m’aventurer à défendre l’indéfendable, je dirais juste que Sartre est allé au bout de sa logique, c’est un bourgeois qui a retourné ses armes de toutes ses forces contre la bourgeoisie. D’un point de vue éthique et idéologique c’est sans doute stupide, mais j’ai infiniment plus de sympathie pour ce parcours que pour le parcours inverse, et je préfère ça aux parvenus genre S…zy, pour qui frayer avec des grands patrons, des chanteurs ou des vedettes de cinéma constitue le summum de la valeur d’une vie.

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  7. @Laconique
    « Ce qui est troublant, c’est la violence extrême du propos. »

    Il faut savoir que j’avais écrit ce texte à l’époque pour essayer de sortir l’ami communiste mentionné plus haut de son adhésion conformiste à un « Lénine progressiste »… Mon texte devait donc susciter un « effet de choc ». Néanmoins, je ne pense pas avoir été vraiment excessif. Je ne connais guère de figure politique qui m’inspire le même degré d’aversion que Lénine. Si vous lisez la biographie de Hitler par Ian Kershaw ou que vous écoutez la conférence de H. Guillemin sur Staline, vous verrez qu’il y a un côté bouffon, inculte et opportuniste chez ces deux figures du mal absolu. Pas chez Lénine. Le fondateur du totalitarisme était un véritable fanatique, d’une sincérité significative… Comme dit Luc Boltanski, les intellectuels sont très dangereux, parce qu’ils ont la folie de croire ce qu’ils racontent…

    « Vous sous-entendez que Sartre est un piètre philosophe. »

    Non, s’il vous plaît, lisez-moi en faisant attention aux nuances. J’ai commencé par dire que je ne pouvais pas avoir un avis très valable sur Sartre, n’ayant pas lu ses œuvres philosophiques. Ensuite, j’ai dit qu’à partir d’une connaissance fragmentaire, il était possible de penser qu’il n’était « sans doute pas un très bon philosophe ». Ce n’est pas la même chose.

    « Vous rejoignez la doxa dominante, selon laquelle il a été « ringardisé » par le structuralisme. »

    Non. J’ai écrit que le structuralisme s’était constitué contre Sartre, que ses apports étaient intéressants, mais que les limites se discernaient assez aisément.

    « J’ai infiniment plus de sympathie pour ce parcours que pour le parcours inverse. »

    Et bien pas moi. Les escrocs sont une plaie, mais ils mettent moins en danger la société que les apologistes du meurtre. En outre, notre ancien président est un médiocre, c’est entendu, mais il l’a toujours été, personne ne pouvait en attendre grand-chose d’autre… A l’inverse, Sartre était un homme éduqué, un philosophe formé et entouré par les meilleurs penseurs de son époque, pétri d’idéaux humanistes, ami de Camus. On pouvait donc en attendre autre chose qu’un supplétif des pires idéologies politiques. C’est en cela que Sartre mérite une condamnation morale plus forte que N.S.

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  8. Si je vous ai bien compris, Lénine et Sartre sont pires que Hitler et N.S. parce qu’ils étaient plus cultivés. Ca peut se défendre, ils ont moins de circonstances atténuantes dans un sens, mais je vous avoue que personnellement j’ai moins de répulsion pour un salaud cultivé que pour un salaud inculte. C’est mon côté humaniste sans doute…

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