20 juillet 2018

Confessions d'un baby boomer

J’ai beaucoup baisé dans ma vie, me dit-il. Je suis né en 1946, la même année que Sylvester Stallone et Ted Bundy. C’est une génération de baby boomers qui a grandi avec le mot d’ordre : « Jouissez sans entraves ». Nous étions bercés par la musique de Johnny Hallyday, des Rolling Stones (« Sympathy for the Devil »), etc. Je crois qu’il est impossible pour des gens qui n’ont pas connu cette époque de se représenter la liberté sexuelle qui existait alors. C’est quelque chose qui n’avait jamais existé avant et qui n’est jamais revenu. J’avais aussi lu Fucking in the night, l’encyclique sataniste qui a paru en 1969. Certains prétendent qu’elle a été écrite par Anton LaVey, mais personne n’en sait rien au juste. En tout cas le texte existe, même si certains en doutent, je l’ai eu entre les mains, je l’ai lu, je peux en témoigner. C’est un texte extraordinaire, qui a produit un effet puissant sur moi. Il faut dire que cette année 1969 a été une année noire, une année vraiment satanique. C’est cette année-là que Sharon Tate a été assassinée par la bande de Charles Manson, qu’Anton LaVey a publié sa Bible Satanique. J’avais vingt-deux ans alors, et j’ai plongé de tout mon être dans cette spirale que toute la culture occidentale offrait à sa jeunesse.
Il m’a fallu dix ans pour en sortir. En 1979, j’ai lu la première encyclique d’un pape polonais nouvellement élu. Sais-tu que plus de dix ans se sont écoulés entre la dernière encyclique de Paul VI, Humanæ vitæ, et la première encyclique de Jean-Paul II, Redemptor Hominis ? Rien entre 1968 et 1979, et ce n’est pas un hasard. J’ai vécu ce moment comme une véritable libération, une libération à l’égard de tous mes démons. C’est dans Redemptor Hominis que j’ai lu le passage suivant : « Aujourd’hui encore, après deux mille ans, le Christ apparaît comme celui qui apporte à l’homme la liberté fondée sur la vérité, comme Celui qui libère l’homme de ce qui limite, diminue et pour ainsi dire détruit cette liberté jusqu’aux racines mêmes, dans l’esprit de l’homme, dans son cœur, dans sa conscience. » Et depuis, je ne me suis plus jamais écarté de ce chemin.

4 commentaires:

  1. Vous avez de drôles de fréquentations, cher Laconique. Mais laissez donc un peu tomber le Christ... voulez-vous donc transformer vos innombrables lecteurs en innombrables grenouilles de bénitier ?

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    1. Eh cher Marginal, je crois que ce serait un grand service à rendre à mes « innombrables lecteurs » que de les transformer en « grenouilles de bénitier ». Ça donnerait à leur vie un sens plus noble que le consumérisme et l’hédonisme actuels, et ça les mettrait en relation avec une Révélation qui remonte à plusieurs millénaires, et qui a toujours tenu le coup. Cela fait des décennies que je traîne dans ce monde, je suis allé dans une dizaine de pays, j’ai vécu dans plusieurs régions de France, et la Bible est ce que ce monde m’a proposé de mieux : « La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie. Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur. » (Psaume 19).

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  2. Surtout qu'il y a d'autres doctrines qui sont de bons candidats au titre d'écoles de vertus, chez les Anciens ou les Modernes.

    Et qu'on ne voit pas bien comment pourrait-être vertueuse une doctrine qui, à partir de prémisses qu'elle-même reconnaît inconnaissables par la raison (la Création, etc.), conclut qu'il faut rejeter le droit à l'avortement, au suicide (!), ou définit l'homosexualité comme "une épreuve à traverser"...

    Heureusement que les choix ne se limitent pas à l'alternative entre la Croix ou les anarcho-punks...

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    1. Eh, cher Johnathan Razorbackl, c’est une vaste question que vous soulevez-là ; je ne vais pas démontrer le caractère « vertueux » du christianisme en quelques lignes… La condamnation du suicide n’est pas une particularité chrétienne. Si certains stoïciens font l’apologie du suicide, celui-ci est condamné par Platon (cf. Phédon), par Kant (« Détruire le sujet de la moralité en soi, c’est faire disparaître la moralité du monde autant qu’il est en son pouvoir »), par d’autres. Et la doctrine chrétienne n’est pas une doctrine morale, la morale ne vient qu’après coup, c’est un positionnement métaphysique global par rapport au monde.

      Vous m’inquiétez, cher Johnathan Razorback. Se couper de Dieu, c’est se couper de la source de la vie, c’est basculer fatalement dans une idolâtrie ou une autre, ou dans le désespoir pour les plus honnêtes. C’est croire être libre, alors qu’on devient esclave de ce qui nous entoure : « L’homme qui rompt avec Dieu acquiert bien une indépendance, une autonomie, jamais la liberté, car Dieu seul est libre et la relation avec lui est la seule possibilité pour devenir libre. » (Jacques Ellul, La Subversion du christianisme)

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