24 juillet 2015

La dernière partie de l'univers

        
       D'après Bossuet, nous sommes « relégués dans cette dernière partie de l’univers, qui est le théâtre des changements et l’empire de la mort » (Sermon sur la mort). Pour la Bhagavad-Gîtâ, nous sommes « tombés dans ce monde éphémère et misérable » (IX, 33). Pour le bouddhisme, nous devons regarder ce monde comme « une simple bulle d’eau ou un pauvre mirage » (Dhammapada, 170). Et la Bible prescrit : « N’aimez ni le monde ni ce qui est dans le monde » (1 Jean, 2, 15).
       Voilà une belle unanimité, ne pus-je m’empêcher de penser. J’allumai ensuite la télévision, histoire d’avoir le point de vue de mes contemporains sur la question. Je vis une tout autre version, un monde coloré, de la musique, des danses, des visages épanouis et souriants. La vie était décrite comme une chose infiniment précieuse, excitante, dont il fallait profiter, jouir au maximum.
        Il y a un problème, me dis-je. Entre la sagesse écrite des siècles passés et la réalité vécue de mon temps, nul point de contact, une divergence radicale, c’est le nord et le sud, blanc et noir, A et -A. Il faut pourtant que l’un ait tort et l’autre raison, ça ne peut pas être les deux à la fois. A qui donc se fier ? Quel guide suivrai-je ? Dois-je écouter la tradition spirituelle de tous les siècles et de toutes les civilisations ou les injonctions de mon époque ? Les livres ou les gens ? Cyril Hanouna ou Bouddha ?

9 commentaires:

  1. Ah, cher Laconique, s'il y a une spiritualité qui a mon entière sympathie c'est bien le bouddhisme ! J'aime par dessus tout son respect de la vie sous toutes ses formes. Et je crois que de toutes les religions, en considérant que c'en est une plus qu'une philosophie, c'est celle qui renferme le plus de sagesse, permet d'atteindre véritablement le bonheur et serait susceptible d'apporter la paix au monde. D'ailleurs, dites-moi si je me trompe, contrairement aux trois religions monothéistes, aucune persécution ou crimes atroces ne peuvent être imputés au bouddhisme...

    Enfin, cher Laconique, parlons plus précisément du sujet de ce nouvel article, court mais riche en ce qui concerne le fond. Pour résumer grossièrement, vous nous proposez la classique - je dis classique car c'est un problème que vous et moi connaissons bien - opposition entre la vie avec ses jouissances sensorielles et un ascétisme rigoureux prônant le détachement complet du monde.

    Ici, pas de réponse, vous laissez la question en suspens, la fin de votre article est ouverte. Et j'aime bien ça, vous n'imposez pas de réponse sentencieuse, vous laissez vos innombrables lecteurs réfléchir par eux-mêmes.
    Mais vous êtes un sacré finaud quand même, cher Laconique, je sens une légère pointe d'ironie dans votre interrogation finale qui laisse le choix entre Hanouna et Bouddha. Disons que vous savez nous guider où vous voulez, sans rien imposer, ce qui est la façon la plus efficace de le faire.

    Maintenant mon point de vue personnel. Difficile d'attacher au deux parties de votre oppositions les notions de bien et de mal en un manichéisme binaire. Au fond, qu'il y a-t-il de mal à considérer la vie comme "une chose infiniment précieuse" ? Ça se tient, si l'on opte pour une philosophie matérialiste et si l'on imagine cette existence comme la seule et unique en notre possession.
    Je ne vois rien de répréhensible non plus dans le fait que le monde soit "coloré", dans "la musique", les "danses", les "visages épanouis et souriants". Qu'avez-vous contre le bonheur, cher Laconique ? et, dites-moi donc, où est passé le Laconique qui voyait dans les stupres de Pierre Louÿs une "candeur", une "innocence" dignes d'être "sanctifiées" ?
    Et pourquoi est-ce que mener une vie complètement triste et coupée de toute jouissance sensorielle devrait-elle être perçue comme meilleure ? Difficile d'apporter des arguments concrets...

    Pour ma part et pour faire simple, je crois que tout le monde est libre de mener l'existence qu'il souhaite, toutes se valent. La seule règle que je considère essentielle, sans trop développer, est la suivante : ne pas causer de souffrance à quiconque, être humain ou animal, en considérant cette souffrance-là non pas de notre point de vue et de notre système de valeurs, mais de ceux des organismes envisagés.

    Bon, décidément, vous m'inquiétez, cher Laconique, entre vos obsessions politiques et cette crise d'ascétisme soudain. Mais que dis-je ascétisme, c'est pire que ça, c'est le rejet total du monde ! Le problème avec cette position c'est qu'elle ne souffre pas la demi-mesure, il faut la vivre à fond, elle n'est pas conciliable avec une vie en société. C'est un
    anachorète en devenir qui vous le dit !

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  2. Ma foi, vous avez bien saisi les données du problème, cher Marginal. Mais tout d’abord, il est vrai que le bouddhisme est une sagesse qui vous conviendrait bien. Elle a aboli les sacrifices du brahmanisme, elle respecte toutes les formes de vie, rejette la violence, prône un individualisme éclairé. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle ne s’est pas étendue par la persécution : le bouddhisme vise un salut individuel, il ne cherche pas à convertir le monde, mais à procurer la paix à ses adeptes. C’est un appel à se prendre en main, en dehors de toute transcendance : « On est soi-même son maître. On est soi-même son refuge. Sois donc maître de toi-même. » (« Dhammapada », 380). C’est d’ailleurs ce qui me gêne un peu : je reste occidental, et je demeure attaché à l’absolu occidental, exprimé dans la Bible et chez Platon…

    Pour le reste, c’est une profonde réflexion que vous esquissez là sur la pertinence de l’idéal ascétique. Vous défendez un relativisme (« toutes les existences se valent ») respectueux des différences et de la liberté individuelle. C’est la ligne de conduite lucide et noble qui s’exprime dans les productions du Marginal Magnifique. Pour ma part, je ne vais pas résoudre le problème ici. Disons tout de même ceci : « Qu’avez-vous contre le bonheur ? », me demandez-vous. A mon tour je vous demande : « N’y a-t-il rien de plus haut que le bonheur ? » Ou plutôt : « N’y a-t-il qu’une seule voie vers le bonheur, qui serait de nature sensorielle ? » Nous vivons un moment étrange de l’histoire humaine. Lorsque le président de la République (vous voyez que l’on rejoint la politique) est guidé, aux yeux de tous, par ses penchants sensuels (pour rester poli), lorsque, l’Eglise n’ayant plus la moindre influence depuis un siècle, il n’y a plus aucune voix pour défendre un autre idéal que le plaisir, lorsque la télévision, les médias, les rues, n’expriment plus aucun autre message que cette quête universelle du « bonheur », vous comprenez bien que cela crée une ambiance bizarre, et qu’il peut vous prendre des envies de devenir, effectivement, anachorète… Vous connaissez d’ailleurs mon opinion quant à l’évolution de cette situation. La réalité parle d’elle-même à cet égard, et cette fois nous y sommes, c’est pour cette année, pour cette saison, et le beau et dur mot de révolution est en train d’acquérir de jour en jour une signification de moins en moins abstraite… Pour le reste, ne vous en faites pas pour moi cher Marginal : il y a un moyen de rester dans le monde sans renier son idéal, il y a une voie, c’est celle que les Romains appelaient du nom de « virtus », et c’est à cela qu’il faut essayer de rester fidèle. Mais ce n’est pas à vous que je vais l’apprendre !

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  3. C’est un sujet de réflexion fort intéressant que vous développez ici, cher Laconique. Avant de tenter d’y apporter ma propre réponse, je vais faire mon athée de service, et indiquer à M. Le Marginal Magnifique que si le bouddhisme semble en effet une religion significativement moins violente que les monothéismes, il n’est hélas pas exempt d’un certain nombre de traits déplaisants.

    Revenons maintenant au sujet du billet. Nous avons donc une thèse et une antithèse. D’un côté, des jugements religieux que l’on pourrait (presque) ranger sous l’appellation générale de gnosticisme (« Le but premier du gnostique est la délivrance de sa parcelle divine, aliénée dans un monde matériel corrompu, et sa remontée vers les sphères célestes »), ou bien d’anti-matérialisme, qui condamne la vie (« N’aimez ni le monde ni ce qui est dans le monde »). Je note au passage cet impératif me semble difficilement conciliable avec le commandement chrétien de l’amour du prochain ; à moins qu’il faille entendre par-là que c’est exclusivement l’âme (extra-terrestre) du prochain qu’il s’agit d’aimer, à l’exclusion de son corps, de ses possessions ou de ses actes (« Celui-là seul t’aime qui aime ton âme. » - Platon, Alcibiade).

    L’antithèse semble plus difficile à définir, ce qui est assez normal puisqu’elle n’est pas délimitée par des citations écrites mais saisie comme « l’esprit du temps » (qui est en fait inhérent à la modernité, depuis la Renaissance donc). Mais j’ai l’impression qu’il y a en elle une tension entre deux choses bien différentes, malgré leur ressemblance apparente. D’un côté, la « joie », la « vie », le bonheur, bref, ce que vise toute philosophie eudémoniste. De l’autre, l’ « excitation », la recherche frénétique (qui cache donc un certain malaise ou désespoir –une incomplétude existentielle) du plaisir ("jouir au maximum"), bref, ce qu’on peut appeler de manière un peu trop générale l’hédonisme. Vous allez me dire qu’entre le bonheur et le plaisir, la nuance peut paraître fine, mais elle me semble décisive. Premièrement, le bonheur est un état profond, qui a une certaine durée, tandis que le plaisir a une dimension volatile, fulgurante et éphémère. Deuxièmement, le bonheur est un état calme et harmonieux, dont les plaisirs ne sont pas absents, mais il ne se réduit pas à ces plaisirs. L’hédoniste peut chercher le plaisir même s’il est immoral ou source d’une souffrance future, alors que celui qui a réussi à construire son bonheur n’a pas pu verser dans le mal, car s’il l’avait fait, la haine et la vengeance d’autrui (et, on peut l’espérer, sa mauvaise conscience) l’aurait tout simplement empêché de trouver la sérénité et l’harmonie constitutive du bonheur, ce qui serait contradictoire avec la définition précédente. Et de la même façon, pour parvenir à cet état, il faut éviter les sources de souffrances (ou, pour mieux dire, d'avilissement), donc fuir les plaisirs nuisibles (Épicure) car ils n’en valent pas réellement la peine.

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  4. Vous l’aurez compris, s’il y a des comportements vulgairement hédonistes, immoraux ou autodestructeurs, que je crois utile de critiquer, il n’en va pas de même de ce que la Déclaration d’Indépendance Américaine a très justement appelé « the pursuit of Happiness ». Rejeter le bonheur est absurde, car il s’agit de la finalité qui motive toutes nos tentatives, toutes nos actions (« Tous les hommes recherchent d’être heureux, cela est sans exception. Quelque différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but, le bonheur. C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre » -Pascal, Pensées). De mon point de vue, il faut donc dépasser dialectiquement la fausse opposition « Cyril Hanouna ou Bouddha » pour trouver dans la vie un bonheur qui n’est possible ni dans la jouissance immodérée des sens, ni dans la négation de la nature désirante de l’Homme (« Le désir est l’essence de l’Homme » -Spinoza).

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  5. Hé bien, cher Johnathan Razorback, c’est une synthèse brillante que vous nous livrez là ! Vous mettez d’un côté le rejet gnostique du monde matériel (et c’est effectivement de cela qu’il s’agit, exprimé dans différentes cultures), de l’autre la recherche d’un épanouissement ici-bas, qui se divise lui-même en recherche saine du bonheur d’un côté, hédonisme illusoire et vain de l’autre, et vous optez pour la première option, en étayant solidement votre choix par des références philosophiques incontournables (Epicure, Spinoza). Vous vous situez dans la tradition matérialiste, anti-idéaliste occidentale. Mon modeste petit billet ne prétendait pas donner lieu à des analyses aussi fines…

    Mais vous m’invitez du coup à approfondir ma propre réflexion. Comprenez-moi bien, tout est parti d’un mouvement de révolte contre cet amour universel de la vie qui est si répandu, au point que l’on n’arrive même plus à concevoir qu’il puisse y avoir d’autres points de vue – éventuellement plus élevés. Deux événements en particulier sont à l’origine de cet agacement chez moi. Tout d’abord la lecture, dans un lieu public et pour passer le temps, du livre « C’était bien » de Jean d’Ormesson, qui s’ouvre sur les phrases suivantes : « Ce que j’ai aimé le plus au monde, je crois que c’était la vie. A la différence de l’Ecclésiaste et de tant de poètes, je me réjouissais d’être là. » Ensuite, une interview télévisée de Jean-Marie Le Pen dans laquelle il déclarait sa joie d’être en vie et son regret de devoir un jour quitter ce monde. De la part de deux hommes bientôt nonagénaires, ces protestations véhémentes de joie de vivre m’ont semblé un peu, comment dire, triviales, en regard du message spirituel légué par les siècles. A cela s’ajoute la saison, la tête de François Hollande pour le 14 juillet, le climat de vulgarité actuel, etc. Dans ce contexte, la superbe phrase de Bossuet, affirmant avec aplomb, et devant la cour la plus brillante de notre histoire, que nous sommes « relégués dans la dernière partie de l’univers », m’a semblé d’une hauteur de vue proprement sublime. C’est à cette phrase que j’ai voulu rendre hommage, en y adjoignant d’autres citations qui allaient dans le même sens. Alors oui, la vie active et volontaire d’un Spinoza, la vie sereine d’un Epicure sont sans doute de belles choses, mais la vie tout court, le soleil qui se lève sur la mer qui émerveille tant Jean d’Ormesson, je suis désolé mais je sens au fond de moi que je suis quand même appelé à quelque chose de plus noble que ça. Et je ne dis pas ça pour moi mais pour la condition humaine en général.

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    1. @Laconique
      « Mon modeste petit billet ne prétendait pas donner lieu à des analyses aussi fines. »
      Ne vous sous-estimez pas. Je le répète, c’était un billet fort intéressant, qui avait, comme l’a bien dit le Marginal Magnifique, le mérite d’une fin ouverte.

      Je n’ai pas eu les expériences qui vous ont énervés, mais je ne suis pas sûr, vu les propos de M. d’Ormesson que vous rapportez, qu’il soit très juste de parler de « protestations véhémentes de joie de vivre ». L’accroche de son livre semble assez sereine, peut-être un peu naïve et creuse, mais ça ne me surprend pas trop venant de lui. En tout cas, sans crier au génie, je ne l’inclurai pas dans « le climat de vulgarité actuel » (dont j’ai eu dernièrement un exemple assez pénible en subissant sur France Inter l’interview racoleuse d’une écrivaine qui admettait se droguer et que le journaliste poussait –avec un mépris tangible et satisfait de son interlocutrice- à nous parler de son projet de tourner du porno lesbien…).

      « La vie tout court, le soleil qui se lève sur la mer qui émerveille tant Jean d’Ormesson, je suis désolé mais je sens au fond de moi que je suis quand même appelé à quelque chose de plus noble que ça. Et je ne dis pas ça pour moi mais pour la condition humaine en général. »

      Je vois (ou j’interprète peut-être) ce que vous voulez dire : que la vie n’est pas une valeur en soi, indépendamment de ce que nous en faisons ; qu’il y a des circonstances où elle ne vaut plus la peine d’être vécue ; qu’il existe d’autres valeurs qui méritent qu’on la perde.

      Je peux admettre ça, mais difficilement « un mouvement de révolte contre cet amour universel de la vie qui est si répandu ». Précisément parce qu’il n’est pas si répandu que ça. Il suffit de regarder la tête des gens dans le métro, ou de parcourir ces vastes défouloirs pour frustrés qu’on appelle « réseaux sociaux ». Non, les gens ne guère réconciliés avec eux-mêmes et heureux de vivre, et leurs protestations occasionnelles du contraire sont de moins en moins convaincantes. Outre les suicidés et les chômeurs qui s’immolent, il y en a même un certain nombre qui cherchent la première occasion, la première « justification » absurde pour exprimer leur désir d’auto-anéantissement : que ce soit une bataille avec les flics pour « sauver » des arbres près d’un barrage, ou une mort anonyme dans un pays étranger en guerre, au nom d’une religion souvent apprise à la va-vite…Les hommes du Ressentiment abondent, comme dirait Nietzsche.

      Et je me permets de protester, c’est très beau un lever de soleil sur la mer (cf les dernières pages de La Promesse de l’Aube de Romain Gary). C’est le genre de moments qui méritent –pardonnez mon côté païen- d’être célébrés, parce qu’ils vous font sentir que la vie vaut la peine d’être vécu. Et de tels moments rares.

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  6. Je vous entends, cher Johnathan Razorback, mais je reste sur mes positions. Il est écrit : « Quand tu lèveras les yeux vers le ciel, quand tu verras le soleil, la lune, les étoiles et toute l’armée des cieux, ne va pas te laisser entraîner à te prosterner devant eux et à les servir. » (« Deutéronome », 4, 19). C’est pour moi un grand progrès anthropologique que celui qui a marqué le passage de l’adoration de l’astre lumineux à la reconnaissance de principes abstraits et non-matériels tels que la justice. Or de nos jours je vois beaucoup de gens courir après le soleil sur les plages, mais bien peu chercher la lumière bien plus nourrissante et bien plus réelle du savoir et de la justice… Il faudrait tout de même que je lise Romain Gary, vous n’êtes pas le premier à m’en parler.

    Je ne peux que vous rejoindre en revanche sur le climat de désarroi qui règne dans notre pays, en particulier chez les jeunes. Tout cela était malheureusement prévisible, de même que ce qui va suivre. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour empêcher qu’on en arrive là, mais ça n’a pas suffi, et maintenant il va falloir affronter les conséquences de l’aveuglement général, et endurer le brutal retour de l’ordre, qui ne se fait jamais sans dégâts…

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  7. Eh bien, quel bel échange,voilà qui change des futilités oiseuses trop fréquentes, merci pour cette vraie question.
    En toute modestie, je vous propose mon point de vue qui m' a été dicté par des maîtres je le confesse:
    Aristote distingue la substance qui est l'être des choses, que l' on peut aimer et dont on peut jouir à l' infini, d'avec les accidents communs à tous, qui sont passagers et dont il faut se méfier.Pour ma part je mets mon bonheur dans l' art, la sensualité et l'étude si l' objet me rattache à une forme d'être: l' amour d'une personne ou de Dieu et je lutte pour que la recherche de l' accident pour lui même ou pour moi même ne me fasse pas perdre ma dignité, mais ce n' est pas gagné.

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  8. Ma foi, si j’essaie effectivement de me tenir éloigné des « futilités oiseuses », vous élevez encore le débat par rapport à mon billet un peu léger, chère Orfeenix ! Je n’ai pas lu Aristote, un peu trop technique pour mes goûts de dilettante, mais ce que vous exprimez ici de sa philosophie se rapproche beaucoup des concepts centraux de la sagesse orientale, qui distingue « l’âtman », ou l’essence des êtres, de la « pakriti », la manifestation sensible, changeante et aliénante. Mais nous sommes des êtres de chair et de sang, les choses se mélangent toujours, il est peu utopique d’atteindre une pureté absolue ici-bas. Ce n’est pas plus mal pour l’art et la création, qui se nourrissent de ces déchirements, comme votre poésie le montre bien, chère Orfeenix. Quant à la dignité, je crois que vous n’avez pas à vous en faire pour ça, le fait même que vous vous en souciiez démontre que vous vous situez bien au-dessus de la multitude (qui va malheureusement jusqu’à nos élites) qui n’en a pas seulement la moindre notion !

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