Terminé Un Tueur sur la route (Silent terror) de James Ellroy. C’est le premier Ellroy que je lis. Assez ennuyeux en fin de compte. Les passages objectifs (articles de journaux, rapports de police, etc.) sont bien meilleurs que les passages où le tueur tente de rendre compte de ses névroses. Je crois d’ailleurs que c’est dans cette direction quasi documentaire qu’Ellroy s’est engagé pour ses romans suivants.
31 décembre 2011
21 novembre 2011
La Bête qui meurt
Terminé La Bête qui meurt de Philip Roth. Lecture agréable, même si cela ne vaut pas les éloges outrés que l’on adresse en France à l’œuvre de Roth. Beaucoup de contenu sociologique, des réflexions justes et intéressantes sur les femmes, l’âge, la société. Les digressions sont plus intéressantes que l’histoire elle-même, à cause de l’insignifiance du personnage féminin. Immoralisme frappant de toute cette génération née dans les années trente (Woody Allen, Philippe Sollers, Roth, etc.). Toujours les mêmes histoires de vieux intellectuels couchant sans vergogne avec des étudiantes. Pour eux, le sexe est la réalité suprême, pas de forces de l’esprit, la mort comme néant absolu.
17 novembre 2011
Pimp
Fini Pimp (1969), d’Iceberg Slim. Livre culte, autobiographie d’un maquereau des années 30 à 50. Ouvrage admirable. Sobre et objectif. Très noir. La réalité décrite est suffisamment atroce pour pouvoir se passer d’effets de style. Une vie sans fard, primaire, pas de place pour l’ego, mais nécessitant pourtant un grand nombre de vertus, telles que l’ingéniosité, la maîtrise de soi, la capacité de résistance face aux épreuves. Pas mal de noblesse en fin de compte. Aucune place pour l’amour ou la sensibilité. Les éléments basiques de l’existence telle que quatre-vingt-quinze pour cent des humains qui ont foulé cette planète l’ont vécue sans doute.
14 novembre 2011
La Défaite de la pensée
Fini La Défaite de la pensée d’Alain Finkielkraut. J’ai de l’estime pour Finkielkraut, qui est sans doute un des intellectuels français les plus honnêtes. Plus honnête que BHL, moins phraseur que Debray, moins narcissique et plus travailleur que Sollers. Seulement il est obsédé par ce qui l’exaspère dans la société contemporaine, et n’écrit que pour dénigrer. Il n’a apparemment pas assez lu Platon et la Bhagavad-Gîta, et n’a pas compris que le regard doit se diriger vers ce qui est ordonné et incorruptible.
31 octobre 2011
Les Souffrances du jeune Werther
Fini Les Souffrances du jeune Werther de Goethe. Je n’ai pas pris beaucoup de plaisir à cette lecture. J’ai eu l’impression que Goethe lui-même ne croyait pas vraiment à son histoire, et se dévoilait plus dans les nombreuses digressions botaniques, littéraires, philosophiques, que dans le récit proprement dit des amours contrariées de Werther et de Charlotte. Rien n’est plus étranger à la nature profonde de Goethe que la passion destructrice. Le détachement serein et sensuel du Divan, voilà sa vraie nature. Du coup, tout le roman m’a semblé un peu artificiel. Les personnages de La Nouvelle Héloïse ont une autre épaisseur, et on sent que Rousseau parle de ce qu’il a vécu, ou du moins aurait aimé pouvoir vivre. De toute façon, je ne me sens aucune inclination vers le romantisme en général. Tout sentiment excessif s’oppose à la réalité de la vie, et appelle tôt ou tard un châtiment.
Il y a dans toute cette littérature des années 1775-1789 un puissant parfum de fin du monde. Je pense aussi à Paul et Virginie par exemple. On sent qu’un monde s’achève, que les êtres sont complètement abandonnés à eux-mêmes et à la solitude de la nature, que toute l’ancienne structure sociale est d’ores et déjà caduque et prête à s’effondrer au premier coup de vent.
17 octobre 2011
Bayrou, seul espoir
La situation de la France semble sans espoir. Le président actuel nous conduit dans le gouffre. Il constitue une tache de honte indélébile pour tous ceux qui ont eu la bêtise de le croire un seul instant. Son destin, ainsi que celui de tous ceux qui s’attachent à lui, est l’infamie et la perdition. Malheureusement, le candidat choisi par les Français pour représenter les socialistes est voué à l’échec, en raison de sa nullité. Le réveil sera douloureux pour lui et pour tous ceux qui croient en lui.
La situation de la France semble sans espoir. Il faudrait, pour incarner cet espoir, un homme probe, lucide, plus soucieux de l’intérêt général que le président actuel, plus compétent que le candidat socialiste. Un homme fortement enraciné dans son terroir, proche des gens et doté d’une vraie stature d’homme d’Etat. Un homme capable de dépasser les clivages droite-gauche, de rassembler la nation autour de son projet dans un grand sursaut républicain, de réunir des millions de votes sur son nom. Cet homme existe. Il sera élu. Son nom est François Bayrou.
2 octobre 2011
Charles Bukowski et la critique française
La plupart des critiques français, y compris Sollers, lorsqu’ils parlent de l’œuvre de Bukowski, évoquent une peinture au vitriol de l’envers du décor de la société américaine contemporaine, etc. Ils restent figés dans des schémas naturalistes, presque misérabilistes, c’est l’angle sous lequel ils veulent le lire. Or, pour moi, il n’y a rien de moins réaliste que l’œuvre de Bukowski. L’écriture, chez lui, est une puissance de transfiguration de la réalité. La fantaisie y est omniprésente, et la liberté du sujet prime toujours sur l’univers décrit. L’humour est un corollaire de tout ceci. Bukowski n’écrit pas pour dénoncer le monde dans lequel il vit : il écrit pour donner naissance à un autre monde, complètement fantaisiste. C’est en cela qu’il est un grand écrivain. Mais les critiques français éprouvent une telle fascination pour tout ce qui vient des États-Unis qu’ils ne peuvent pas l’appréhender autrement que sous l’angle de la peinture objective.
18 septembre 2011
Le Tour du monde en quatre-vingts jours
Fini Le Tour du monde en quatre-vingts jours. C’est le premier Jules Verne que je lis. J’avais commencé Vingt mille lieues sous les mers avant l’adolescence, et j’avais assez vite décroché. Ce Tour du monde en quatre-vingts jours m’a plu. Modèle de roman objectif, comme, sans doute, toute l’œuvre de Jules Verne. Un auteur complètement au service de son histoire, qui place la réalité avant sa propre subjectivité de manière honnête et consciencieuse. D’où l’intérêt : on est sûr qu’il n’y aura pas tromperie sur la marchandise. Avec, en plus, un fond moral très appréciable dans une nation relativiste et ironique comme la France. Une valeur sûre, et je lirai les autres romans un jour où l’autre.
17 septembre 2011
Immense admiration pour Ségolène Royal
J’éprouve une immense admiration pour Ségolène Royal. Dans la nuit dans laquelle la France est plongée, elle est une des deux lumières (avec François Bayrou) qui nous indiquent la voie du salut. J’éprouve, à l’inverse, un immense mépris pour tous les commentateurs nuls qui l’ont trouvée mauvaise lors du débat des primaires et qui la voient déjà perdante. Leurs yeux vont s’ouvrir le 9 octobre, tandis que la stupéfaction et la souffrance creuseront de nouveaux circuits dans leurs cerveaux décatis.
9 septembre 2011
Bukowski et l'improvisation
Commencé hier soir Pulp de Bukowski. L’essence de la littérature, sans doute, c’est l’improvisation. Il faut que la pensée et l’écriture soient autant que possible simultanées. La littérature se joue dans l’instant. Si l’on planifie trop à l’avance, ça tend vers autre chose, vers l’essai, la démonstration. C’est ce qui me rebute chez Zola, ce côté synopsis développé sur trois cents pages.
6 septembre 2011
2007-2012 : les années infectes
Les années infectes vont bientôt s’achever. Les choses vont, après la crise finale, revenir à l’endroit. Toutefois, nous avons tous, dans notre entourage, des gens qui ont contribué à la catastrophe de 2007. Nous pourrons pardonner, mais nous n’oublierons pas.
16 août 2011
Réflexions sur Platon
1. Ce qui m’a éloigné de Platon, ce n’est pas sa doctrine, c’est son style. Sur le plan théorique, je crois que je suis un platonicien strict, puisque je cherche à dégager le spirituel de la matière, l’intemporel de l’éphémère, etc. Mais son style me fatigue. Si je devais le définir, je dirais que c’est un style basé sur le multiple. Chaque terme, chez lui, appelle soit son opposé, soit d’autres termes de la même catégorie, ce qui donne à sa phrase une construction complexe, chargée d’incidentes, et typiquement grecque à vrai dire. Or, depuis plusieurs mois, j’ai surtout soif d’unité.
2. J’ai beaucoup lu Platon, mais je crois que, mis à part le début du Phédon et certains passages de la République, je n’ai jamais pris grand plaisir à cette lecture. Ce qui définit la pensée platonicienne, c’est un monde figé. Ses personnages discutent paisiblement, hors du temps, dans des lieux protégés de l’Histoire et des événements, et l’objet de leurs entretiens, ce sont des réalités elles-mêmes immobiles et intangibles. Nul mouvement dans cet univers, ce qui le rend souvent étouffant. Or, vivre, c’est être pris dans un tourbillon d’événements, toujours, quoi que l’on fasse, et le but de l’existence est de tracer sa voie dans ce chaos, non de contempler des essences idéales. Sans transformations, la vie disparaît. Ce sens de l’Histoire, totalement absent chez Platon, est omniprésent dans la Bible, et c’est ce qui explique la victoire finale de celle-ci au quatrième siècle de notre ère.
11 août 2011
L'Attrape-cœurs
J’ai terminé L’Attrape-cœurs de Salinger. Plaisant à lire et très réussi dans son genre, mélange de candeur adolescente et de regard corrosif sur la société. Plein de spontanéité et de trouvailles à la fois drôles et émouvantes. L’artifice est perceptible, mais c’est très bien fait. Je comprends parfaitement son statut de classique, mais je dois reconnaître que j’ai éprouvé un certain ennui à mesure que le récit avançait. On sent l’improvisation, c’est une suite de péripéties sans fil directeur, sans message philosophique véritable, ça aurait tout aussi bien pu être deux fois plus court ou deux fois plus long. De la pure littérature en somme, où tout repose uniquement sur le charme de l’expression, sans le moindre contenu conceptuel.
7 août 2011
La présidence de Nicolas Sarkozy se terminera dans les flammes
Quelle triste histoire… A la veille de son élection, certains journaux avaient prévenu les électeurs : attention, cet homme est dangereux, il va mener la France dans le mur. La peur et la vulgarité ont gagné, et le moment de payer l’addition est arrivé. Le feu purificateur va parler. Quel gâchis… Espérons que cela serve de leçon pour l’avenir, et que les Français comprendront qu’il n’y a pas de salut lorsqu’on s’écarte de l’humilité et de la justice.
4 août 2011
Juste châtiment pour la France qui a voté en 2007
La France souffre. Elle a peur. Elle le mérite. Elle sent que les choses vont mal tourner, que l’on ne peut plus se fier à personne, et que ses souffrances vont s’accroître dans les prochains mois. Elle ne se trompe pas. Ses souffrances vont s’accroître, vont devenir intolérables. Voilà ce qui arrive quand on remet son destin entre les mains d’un déséquilibré qui a tout raté dans sa vie, y compris ses deux premiers mariages. Maintenant, l’heure du châtiment va venir. Nous allons entrer dans les ténèbres.
30 juillet 2011
Moment zen
Hier après-midi je suis allé au jardin zen de Monaco. Je me suis assis en face de la cascade et j’ai médité, en regardant les arbres, les pierres émergeant du lac, les poissons rouges, les nénuphars… Méditer dans un jardin zen, c’est sans doute expérimenter le plus grand bonheur qu’on puisse connaître sur cette terre, puisqu’on ne désire rien de plus que ce que l’on a, que l’on est libéré du souci de l’avenir, totalement immergé dans l’instant présent. Personne, pas même les puissants de ce monde, ne peut en dire autant. Et pourtant, ce n’est qu’une parenthèse… Je ne pense pas que le zen puisse constituer une bonne morale pour réussir dans la vie, en tout cas pour briller. (Il est vrai que ce n’est pas ce que recherchent ses adeptes.) C’est une quête de l’immanence. Les morales adaptées à la vie sont celles qui accroissent notre résistance, qui nous forment à la lutte, au combat, qui nous le font aimer. Toutes les morales primitives étaient de cette nature.
15 juillet 2011
L'essence de la liberté
L’axiome de Cioran : « Tout est décevant », je le reformulerais de la façon suivante : « Nous n’adhérons jamais complètement à aucune de nos expériences. » Hier soir, en regardant les feux d’artifice, des pensées me venaient, mon esprit vagabondait, bref je n’étais pas totalement absorbé par le spectacle. Et c’est ainsi pour toutes les expériences. Même quand on se concentre sur quelque chose, qu’on s’y implique totalement, cette concentration est le fruit d’un choix, d’une volonté, elle n’est nullement inhérente à l’expérience. En un sens, tout est donc décevant, car rien ne nous fait vraiment sortir de nous-même. Pourtant, cet espace entre le sujet et l’événement est en réalité le plus grand don des dieux, car il garantit notre liberté inaltérable et notre souveraineté par rapport à tout ce qui peut nous arriver. (Jouir de cette liberté demande toutefois une certaine discipline, car chacun tend spontanément à adhérer de toutes ses forces aux circonstances, les bonnes comme les mauvaises. Le détachement nécessite donc de l’entraînement, des exercices, comme Platon, avant bien d’autres, l’a écrit dans le Phédon.)
13 juillet 2011
Eloge de l'antiquité
Apprenons s’il se peut à nos contemporains qu’un temps a été qu’il existait des hommes et déplorons le malheur et la honte de notre siècle en nous voyant forcés de les chercher si loin de nous.
Jean-Jacques Rousseau.
S’il y a un goût qui, chez moi, ne s’est jamais démenti, c’est bien celui de l’Antiquité. Mes plus constants plaisirs de lecteur, c’est sans conteste aux auteurs de cette époque que je les dois. (Je me souviens très bien comment, à l’âge de quinze ans, en 1997, c’est la lecture du Manuel d’Epictète et des Pensées de Marc-Aurèle qui détermina mon choix de consacrer tout mon temps libre à la littérature.) Mais d’où vient cette véritable passion pour l’Antiquité, peut-être la seule vraie passion de ma vie ? C’est, je crois, que cette époque incarne pour moi un idéal inégalé de liberté. Jamais les hommes n’ont autant voulu être libres qu’alors, et sans doute jamais ne l’ont-ils autant été. Les Modernes sont encombrés de toutes sortes d’idéologies, de croyances, d’esthétiques, d’attachements, etc. Les Anciens avaient le goût de la simplicité, de la sobriété. Les Modernes sont aveuglés par la cause à laquelle ils sacrifient tout, tandis que les Anciens ne s’oubliaient jamais et tendaient sans cesse à une plus grande maîtrise de soi. On dira que c’est là une vision de l’Antiquité qui me correspond, qu’il y en a une autre, exubérante, lascive, poussant le luxe et la sensualité à des degrés extrêmes. Cela est vrai, je le reconnais. Mais, même dans ces manifestations, il y avait quelque chose de naturel, d’entier, de premier qui rejoignait une certaine pureté. L’idée du bonheur a tout embrouillé et tout affadi. Les Anciens, profondément pessimistes, savaient que la quête du bonheur était vaine, et plaçaient tous leurs efforts dans la poursuite de choses réelles : la liberté et la maîtrise de soi. Jamais sans doute l’illusion n’avait été repoussée si loin, jamais n’a-t-on vu une telle coïncidence entre la parole et la vie. (J’observe d’ailleurs qu’à toutes les époques il y a eu des penseurs saisis par cette passion de l’Antiquité, et qui y ont consacré quasiment toute leur oeuvre. Je ne crois pas susciter beaucoup de dénégations en citant Montaigne, Rousseau ou Leopardi.)
Jean-Jacques Rousseau.
S’il y a un goût qui, chez moi, ne s’est jamais démenti, c’est bien celui de l’Antiquité. Mes plus constants plaisirs de lecteur, c’est sans conteste aux auteurs de cette époque que je les dois. (Je me souviens très bien comment, à l’âge de quinze ans, en 1997, c’est la lecture du Manuel d’Epictète et des Pensées de Marc-Aurèle qui détermina mon choix de consacrer tout mon temps libre à la littérature.) Mais d’où vient cette véritable passion pour l’Antiquité, peut-être la seule vraie passion de ma vie ? C’est, je crois, que cette époque incarne pour moi un idéal inégalé de liberté. Jamais les hommes n’ont autant voulu être libres qu’alors, et sans doute jamais ne l’ont-ils autant été. Les Modernes sont encombrés de toutes sortes d’idéologies, de croyances, d’esthétiques, d’attachements, etc. Les Anciens avaient le goût de la simplicité, de la sobriété. Les Modernes sont aveuglés par la cause à laquelle ils sacrifient tout, tandis que les Anciens ne s’oubliaient jamais et tendaient sans cesse à une plus grande maîtrise de soi. On dira que c’est là une vision de l’Antiquité qui me correspond, qu’il y en a une autre, exubérante, lascive, poussant le luxe et la sensualité à des degrés extrêmes. Cela est vrai, je le reconnais. Mais, même dans ces manifestations, il y avait quelque chose de naturel, d’entier, de premier qui rejoignait une certaine pureté. L’idée du bonheur a tout embrouillé et tout affadi. Les Anciens, profondément pessimistes, savaient que la quête du bonheur était vaine, et plaçaient tous leurs efforts dans la poursuite de choses réelles : la liberté et la maîtrise de soi. Jamais sans doute l’illusion n’avait été repoussée si loin, jamais n’a-t-on vu une telle coïncidence entre la parole et la vie. (J’observe d’ailleurs qu’à toutes les époques il y a eu des penseurs saisis par cette passion de l’Antiquité, et qui y ont consacré quasiment toute leur oeuvre. Je ne crois pas susciter beaucoup de dénégations en citant Montaigne, Rousseau ou Leopardi.)
9 juillet 2011
Unité en nous ou hors de nous ?
Platon et le monothéisme placent l’élément stable hors de nous. En le contemplant et en se modelant sur lui, l’âme atteint l’équilibre et la paix. Les traditions orientales, le yoga en particulier, placent au contraire l’élément stable à l’intérieur de nous. La démarche ascétique consiste alors à rechercher au fond de nous-même l’entité qui n’est pas soumise aux changements, et à demeurer à ce stade en quelque sorte pré-sensible. La première de ces deux conceptions serait plus occidentale, la seconde plus orientale. La première a sans doute ma préférence, mais la seconde m’est nécessaire également, si bien que je n’ai pas vraiment tranché. De toute manière, à partir du moment où l’on a compris qu’il fallait tendre vers l’unité, que telle était l’essence de la Voie, la question de savoir si cette unité est extérieure ou inhérente à nous-même est-elle si importante ?
5 juillet 2011
Eloge de la monarchie
Plus le temps passe, plus j’en viens à penser que le régime monarchique est le meilleur des régimes politiques. La république entraîne des conflits et une exaltation perpétuels qui finissent par empiéter sur la tranquillité d’esprit du citoyen, et donc sur sa liberté. Dans une monarchie, tout le monde se soumet au roi, qui lui-même se soumet à Dieu, et l’ordre règne. La nation atteint l’unité, ce qui est le but ultime de toute communauté. Ce n’est pas pour rien si c’est ce système qui a été le plus fréquemment adopté par les hommes au cours de l’Histoire. Bien entendu, il faut que le roi soit un bon roi, ou, à défaut, ne soit pas un monstre, pour que le système fonctionne, sinon on se retrouve dans la configuration des Caligula et des Néron, et c’est le règne de l’arbitraire. Du reste, ces cas aberrants ne durent guère, et le meilleur moyen de conserver le pouvoir est encore de l’exercer avec justice.
1 juillet 2011
Le juste effort
Une vie sans effort est une vie proprement nulle, qui se balance au gré des circonstances et s’effondre au premier souffle violent. Mais une vie basée sur l’effort n’est pas saine non plus, car elle nourrit l’ego et se focalise souvent sur des objectifs concrets. A terme, elle engendre forcément la frustration et le malheur. Toute la difficulté consiste donc à trouver un juste équilibre entre ces deux extrêmes, à renforcer constamment son être sans pour autant tomber dans le piège de l’ambition.
30 juin 2011
Eloge de l'histoire
Pourquoi l’histoire m’intéresse-t-elle tant ? C’est qu’elle seule offre un point d’appui véritablement solide. La philosophie et la religion partent nécessairement de notions abstraites et indémontrables, ce que l’on appelle les postulats. Ces postulats, pour l’esprit, sont à la longue une source d’inconfort, car on finit toujours par douter de l’existence de Dieu, de l’âme ou de la vertu. Les personnages historiques, en revanche, sont des entités réelles et incontestables, que l’esprit peut manier sans le moindre scrupule. Réfléchir sur Alexandre ou sur César, c’est aborder le problème de l’existence sous un angle à la fois concret et désintéressé. Voilà pourquoi l’histoire me semble être la meilleure discipline pour progresser dans la quête de la sagesse.
28 juin 2011
Faillite de la philosophie
La figure, la personnalité et la postérité de Platon, voilà un sujet qui m’a toujours passionné. Sa philosophie est si proche de la perfection, du divin, et pourtant tellement inaccomplie, ambivalente, insatisfaisante… Il est d’ailleurs pertinent de se demander pour quelle raison les philosophies antiques, qui étaient tout de même faites pour ça, ne dirigent plus la vie de personne de nos jours, alors que les religions revendiquent des milliards de pratiquants. Il n’y a nulle part aucun cénacle stoïcien ou épicurien, et les « cafés philosophiques » et autres expériences de ce genre sont des rendez-vous mondains, bavards et futiles, l’exact opposé de la véritable sagesse. C’est que toute philosophie, en définitive, est une entreprise individuelle, qui s’adresse à des individus isolés et disséminés, à des « lecteurs ». Discipline aristocratique au fond, qui convient aux époques sûres d’elles-mêmes comme la Renaissance, et nullement à une période de déclin et de peur comme celle que nous vivons.
24 juin 2011
La critique est aisée, l'art est difficile
L’observateur se sent toujours supérieur à ce qu’il voit, et il n’a pas tort. Il y a en chacun une fonction purement objective de témoin, qui est la même chez tous, et qui ne se trompe jamais. D’où le sentiment de supériorité. Mais si l’on distingue nettement les erreurs des autres, lorsqu’il s’agit de soi-même, ce qui semblait aisé devient beaucoup plus difficile, et l’on se découvre avec surprise maladroit, hésitant, mauvais. C’est le cas pour les interventions orales par exemple, où l’on croit pouvoir faire mieux que les autres orateurs, jusqu’au moment où l’on ouvre la bouche soi-même.
C’est que la fonction d’action est totalement dissociée de la fonction d’observation. L’une est objective, passive, et toujours parfaite, l’autre doit se construire petit à petit, avec effort. Voilà pourquoi on a beau distinguer ce qui est mauvais, reconnaître ce qui est bon, sans pour autant être capable de le produire soi-même. Pour progresser dans l’action, il faut agir, et tout le savoir du monde, à lui seul, est à cet égard complètement inutile. Il n’y a pas un je unique qui serait médiocre ou brillant, il y a plusieurs fonctions de l’âme, séparées et autonomes, comme nous l’enseignent les sagesses antiques.
23 juin 2011
Thucydide et Tite-Live
Je n’ai pas encore beaucoup avancé dans La Guerre du Péloponnèse de Thucydide, mais je me demande si je ne le préfèrerai pas aux historiens romains, et à Tite-Live en particulier. Celui-ci, malgré l’ampleur de son style, souffre d’une sécheresse d’esprit lorsqu’on le compare à l’historien athénien. C’est que, au fond, pour lui, la seule valeur invoquée, le seul idéal qui soutient ses hommes d’Etat, c’est Rome. Il parle à peine de vertu, jamais de sagesse ou de liberté. C’est cette simplicité et ce caractère concret qui ont permis, sans nul doute, aux Romains de triompher de leurs adversaires, engloutis par leur amour de l’or (Carthage) ou leur penchant excessif pour la liberté (la Grèce). Mais ce qui s’est montré si efficace sur le plan pratique se révèle assez pauvre, assez répétitif, sur le plan littéraire. Chez Thucydide, on devine, derrière les actions, tout un monde d’abstractions, de valeurs qui luttent les unes contre les autres ou s’interpénètrent. Les orateurs invoquent la liberté, le bonheur, la sagesse, tous ces thèmes hérités des philosophes et des sophistes. L’histoire emprunte le langage de la philosophie et la Fortune, au lieu de se confondre avec le destin d’une cité élue, favorise tour à tour telle ou telle notion politique, tantôt la Justice, tantôt la Force. On a l’impression de lire une tragédie, tandis que les historiens romains n’ont au fond écrit que des annales.
20 juin 2011
César et Thémistocle
César a été un plus grand homme d’Etat que Caton, Thémistocle a rendu de plus grands services à sa patrie qu’Aristide. Le grand politique ne doit pas s’encombrer de trop de morale. Il doit être dur envers lui-même, et ne pas permettre aux scrupules d’entraver son action. Juger est un luxe qu’il laisse aux oisifs.
16 juin 2011
L'histoire contre la liberté
Qu’est-ce que l’histoire ? L’histoire est une confiscation de liberté. Nous vivons depuis 2007 une période prérévolutionnaire. Eh bien, depuis 2007, je sens que ma liberté est diminuée, je sens qu’une partie de mon esprit est confisquée par ce grand événement qui aura lieu dans quelques mois. Et lorsque la révolution se produira, toutes mes pensées, toutes mes considérations seront tournées vers elle, et je ne pourrai plus lire, écrire, réfléchir comme avant. Toute mon individualité sera momentanément éclipsée, je ne serai plus qu’un contemporain. L’événement grossira, se produira, puis s’estompera, et la justice finira par triompher, comme toujours. Ma liberté retrouvera alors enfin son intégrité. (Tout cela m’aura tout de même enrichi d’expériences inédites.)
15 juin 2011
Ce qui me gêne dans le fait de croire en Dieu
Je suis très intéressé par le monothéisme, mais ce qui me gêne dans le fait de croire en Dieu, c’est l’espèce de facilité que j’y décèle. Croire en Dieu permet souvent de se sauver à bon compte, en faisant l’économie d’efforts trop soutenus – d’où l’espèce de complaisance envers soi-même que l’on relève chez certains chrétiens, et que Gide dénonçait déjà à juste titre à son époque. Ce qui fait la valeur d’un homme, c’est la hauteur de son idéal et les efforts qu’il est prêt à déployer pour y atteindre, ce n’est pas ce en quoi il croit.
10 juin 2011
La vraie leçon des "Frères Karamazov"
Déçu par Les Frères Karamazov de Dostoïevski. Tous les livres nous déçoivent. C’est là sans doute le plus grand profit qu’il y a à tirer de toutes les expériences : comme toutes sont décevantes, elles finissent par nous enseigner que nous sommes supérieurs à tout, et qu’il n’y a pas de richesse à rechercher en dehors de nous-mêmes.
(Le seul but de la vie est de devenir maître de soi. Ce n’est pas la nature des expériences qui détermine la qualité d’une vie, mais la manière dont on les appréhende : si on les domine, ou si on les subit.)
9 juin 2011
C'est Platon qui avait raison
Le fait que nous puissions lire et comprendre des récits historiques concernant des époques et des contrées extrêmement variées prouve bien qu’il existe des réalités universelles qui se répètent sans cesse et se manifestent à travers les objets particuliers. Appréhender ces forces abstraites et s’y conformer pour se déterminer et agir, voilà le sens de la sagesse.
7 juin 2011
Cioran
J’aime beaucoup Cioran. Moins sérieux que Nietzsche, il est en réalité bien plus profond, et surtout bien plus malin, ce qui lui a permis de ne pas perdre la raison et de mourir à quatre-vingt-quatre ans. Cioran est un authentique philosophe, il a trouvé un truc génial pour faire face à tout, c’est l’idée du suicide. Plus que l’idée de Dieu, plus que les sagesses antiques, plus que la méditation, l’idée du suicide a constitué pour lui une source immédiate et toujours disponible d’apaisement. En dénonçant le bonheur, l’espoir, l’harmonie comme des chimères ridicules, il s’est certes condamné à vivre dans la constante proximité du malheur, du désespoir et du déséquilibre. Mais ce qu’il a tiré du constat du néant de toutes choses et de la vanité de toute vie humaine, et surtout de la possibilité toujours offerte d’y mettre un terme, est plus précieux à vrai dire que l’univers entier, et si rarement atteint par un mortel : c’est la conscience d’une liberté infinie.
6 juin 2011
La vérité en philosophie
La vérité absolue n’existe pas, pour la simple raison que toute expérience est le fruit de la rencontre entre un sujet et un objet. S’il y avait une vérité absolue, il n’y aurait pas de liberté du sujet. Or, la vie est une tension vers la liberté. Tout ce que l’on peut dire, c’est que certaines croyances produisent tels effets chez celui qui les adopte, et d’autres croyances tels autres effets. Prétendre que telle croyance ne repose sur aucun fondement réel ne signifie donc pas que celle-ci soit vaine, tout au contraire : c’est précisément parce qu’aucune croyance n’est vraie qu’il s’agit de choisir celle que l’on adopte avec le plus grand soin. Celui qui croit à l’autonomie de la volonté, à la souveraineté de l’âme, vivra la réalité dans cette perspective, tandis que celui qui croit à la nature strictement matérielle et corruptible de tout être vivant en fera l’expérience dans sa chair. Toutes les religions, tous les rites ne sont donc pas des fadaises, mais l’énoncé des croyances et des pratiques les plus propres à favoriser l’épanouissement dans l’existence.
4 juin 2011
L'universel et le singulier
Le but de toute spiritualité authentique est d’atteindre l’unité. Sur ce point, les monothéismes abrahamiques et les sagesses orientales concordent. Mais les sagesses orientales appréhendent l’unité à travers des concepts universels : Brahma, le Tao, etc. Tout ce qui est singulier, pour elles, relève de l’illusion. La démarche spirituelle consiste à s’abstraire de l’emprise du singulier pour atteindre, en soi, l’unité.
Le peuple juif, et lui seul, a inventé une autre voie. En s’inscrivant dans l’Histoire, en révélant sa Loi à une époque déterminée, à un homme déterminé, en établissant sa demeure en un point précis du globe, il a inauguré une conception du sacré tout autre, qui sera ensuite reprise par le christianisme et l’Islam.
Intellectuellement, je me sens peut-être plus proche de la première option. La Bhagavad-Gîtâ est sans doute le texte humain qui, pour moi, se rapproche le plus de la vérité métaphysique. Pourtant, force est de constater que ces abstractions, ou du moins leur énoncé théorique, ont bien moins de prise sur moi que les pages de la Bible et du Coran, auxquelles je reviens sans cesse. Tout ce qui est singulier attire l’attention et la retient, tandis que l’universel s’évapore assez vite dans le nébuleux. Nous avons besoin d’objets singuliers auxquels nous raccrocher, avant de nous élever dans l’absolu. Penser à Moïse, à Jérusalem ou au Christ est bien plus aisé que de concevoir l’Âtman ou Brahma. La vie s’affirme en se singularisant, tel est son mouvement, et les Formes éternelles ne s’accomplissent qu’à travers des êtres singuliers. Il faut donc, en définitive, aller vers le singulier, non vers l’universel, pour atteindre l’unité.
29 mai 2011
Révolution
Tous mes encouragements aux jeunes qui se regroupent place de la Bastille. La révolution est inévitable, et la jeunesse va triompher. Les ténèbres s’effacent, les premiers rayons de l’aube surgissent enfin.
19 mai 2011
Ségolène Royal et François Bayrou
Oui, il va y avoir une révolution en France. Oui, seuls Ségolène Royal et François Bayrou ont un avenir politique en France, bien qu’ils ne soient crédités actuellement que de cinq pour cent d’intentions de vote. Je sais tout ça, aujourd’hui, en mai 2011, mais il faut encore attendre plusieurs mois avant que l’inévitable se produise. Quel ennui…
7 mai 2011
Un Roman français
Ces derniers jours, lu Un Roman français de Beigbeder. Ouvrage scandaleusement surfait. Une incontestable aisance d’écriture et une certaine élégance générale, guère plus. Egocentrisme insupportable – Beigbeder accorde de l’importance au moindre détail simplement parce qu’il le concerne. Caractère un peu artificiel de l’écriture : on ne peut pas à la fois vouloir plaire et être sincère. Manque de noblesse de cette existence : marques de vêtements, de parfums, etc. Superficialité, agitation et migraine. J’étais content de passer à autre chose.
26 avril 2011
Diriger son regard
La vie est dure et les épreuves sont inévitables. Mais ce qui compte, c’est de bien diriger son regard. Ne vous attardez pas sur vos problèmes : tout le monde en a, ni sur vous-même : personne n’est parfait. Mais portez votre attention sur des choses nobles et difficiles, et persévérez. L’esprit prend la nature de ce qu’il contemple, il n’a pas de nature propre. Alors laissez couler la boue, et fixez les yeux sur ce qui vous élèvera.
18 février 2011
Retour sur la Voie
Le monde a quitté la Voie en 2001. Il est en train, depuis le 14 janvier 2011, d’y revenir. L’heure du châtiment est arrivée. Le mouvement qui a commencé ne s’arrêtera plus. La colère va succéder à la honte.
7 février 2011
Révolution
Oui, il va y avoir une révolution en France. C’est inévitable, nous y allons tout droit. Des gens vont mourir, mais ça ne peut plus continuer à se dégrader comme ça. La honte de la faute que le peuple français a commise en 2007 doit être effacée, et compte tenu de la nature de l’individu qui gouverne aujourd’hui, cela ne pourra se faire que dans la violence. Même les aveugles finiront par ouvrir les yeux, et le temps est proche.
4 janvier 2011
Réveille-toi, France !
Jusques à quand accepterons-nous ce climat de défaitisme et de passivité ?
Jusques à quand tolérerons-nous le mensonge et l’aveuglement de nos dirigeants ?
Jusques à quand le cynisme, la lâcheté et la vulgarité règneront-ils impunément ?
Jusques à quand, France, ton sommeil se prolongera-t-il ?
Réveille-toi, France, et rappelle aux élites corrompues et au monde ébloui que ton acte de naissance s’est écrit dans la colère et la révolte !
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