19 avril 2013

Mai 2013


      Il est toujours un peu embêtant, pour celui qui aspire à la sagesse, de vivre au cœur d’une période d’intenses bouleversements historiques. La pression, l’exaltation des événements ne peuvent manquer d’interférer avec sa propre quête d’harmonie. Et pourtant, force est de le constater, nous vivons une telle période. L’infinie connerie que les électeurs français ont réussi à manifester lors de deux élections présidentielles consécutives va bientôt trouver son juste châtiment. Quel spectacle que celui d’un monde qui s’écroule ! Quel obstacle à la concentration, à la pensée, à la création ! Mais il faut bien que le destin s’accomplisse, que les médiocres quittent la scène et que les justes finissent par gouverner… Je n’écrirai pas leurs noms ici, car que m’importe, dans six mois, dans un an, la petite satisfaction d’avoir eu raison ?
      Ô mois de mai ! Mois des merveilles et des catastrophes ! Sois sévère et rigoureux, nous l’acceptons, car grande a été notre faute. Mais après le temps de la correction vient celui du pardon, et nous voulons croire que c’est sur les décombres que poussent les plus belles fleurs !

12 avril 2013

Le principe suprême

          Lu De la tranquillité de l’âme, de Sénèque. Je note la phrase suivante : « Il faut que l’âme, s’arrachant à toutes les choses extérieures, se replie sur elle-même. » À vrai dire, après avoir écrit une telle phrase, il est à peu près inutile d’ajouter quoi que ce soit. C’est là le principe premier et ultime de la sagesse, et on le trouve formulé, dans les mêmes termes quasiment, dans toutes les traditions spirituelles, chez Platon, chez les Indiens, chez les Chinois, etc. Il est d’ailleurs extrêmement surprenant de constater que pendant des siècles les controverses philosophiques ont fait rage, opposant matérialistes et idéalistes, positivistes, sceptiques et mille autres écoles, alors que le fin mot de la sagesse est tout simple, et qu’il a déjà été énoncé il y a bien longtemps : « Se couper de ses sens, raffermir son âme ».
          Comme les progrès de l’esprit humain sont lents, si l’on considère qu’entre tous les livres qui se publient chaque semaine, il n’y en a pas un sur cent, pas un sur mille qui contienne ce précepte fondamental !

5 avril 2013

Nicolas Rey : Un léger passage à vide

 
      Lu Un léger passage à vide, de Nicolas Rey. Le genre de livre qu’on ne peut s’empêcher d’entamer avec un a priori négatif, compte tenu du parfum de superficialité mondaine qui flotte autour de l’auteur. Et pourtant, une assez bonne surprise à l’arrivée. Un roman elliptique, évanescent, pas mal écrit du tout, sans lourdeurs, (presque) sans vulgarité, et dont il se dégage un sentiment de mélancolie assez réussi. Bien moins déplaisant que les pitreries pseudo-branchées et vilement commerciales de son clone Beigbeder. On décèle chez Nicolas Rey une vulnérabilité, une douceur et, en fin de compte, une certaine élégance qui ne peuvent laisser insensible. Bien sûr, une grande vacuité ressort de tout cela, mais c’est un peu le sujet du livre. Il y a quelque chose de tragique dans tous ces destins à la Nicolas Rey, et son œuvre nous confirme ce que l’on savait déjà : que la reconnaissance, le succès, les femmes, etc., loin de nous procurer le bonheur, détruisent la santé mentale et physique de quiconque s’y abandonne. Nicolas Rey, après bien d’autres, illustre ce drame, mais il le fait comme il sied, avec esprit, avec pudeur et pas mal d’humour. Une personnalité attachante.