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Éloge des Gracques
Montesquieu
L’autre jour, en entendant à la télé Kylian Mbappé refuser de répondre sur les sommes astronomiques qu’il touche au PSG, je me suis interrogé sur la nature profonde de notre société. Le modèle de notre société, c’est l’individu d’exception qui s’illustre dans un domaine circonscrit et inutile (Johnny Hallyday), et qui fait une fortune par ses talents et son charisme. C’est là le but suprême. C’est un but purement individuel, purement égoïste. Je me suis demandé si un autre modèle avait existé un jour. Et c’est alors que j’ai pensé aux Gracques.
Tibérius et Caïus Gracchus sont deux frères, deux tribuns romains qui ont vécu au IIe siècle avant notre ère. Ils ont dévoué leur vie à une seule cause : faire adopter une loi agraire afin de permettre une plus juste répartition des terres, accaparées par la noblesse romaine. Tibérius a été assassiné lors d’une émeute au Capitole en 133. Caïus a été assassiné en 121 dans un bois sacré, après avoir été déclaré ennemi public par le sénat. L’un et l’autre avaient une trentaine d’année.
Tibérius et Caïus Gracchus ne voulaient pas aller à Ibiza, ils ne voulaient pas jouer à la Playstation, ils ne voulaient pas profiter de la vie. Ils voulaient servir le bien public, faire diminuer les inégalités, faire progresser la justice et le droit, au prix de leur bien-être, au prix de leur vie s’il le fallait. Lecteur, sonde ton cœur et jauge-le à la mesure de tels modèles.
Citation
Tibérius était doux et tranquille ; Caïus avait de la rudesse et de l’emportement. Mais la valeur contre les ennemis, la justice envers les inférieurs, l’exactitude dans les fonctions publiques, la tempérance dans l’usage des plaisirs, étaient égales dans l’un et dans l’autre.
Plutarque, Vie des Gracques