Et tout d’abord, comment penser qu’un homme factieux comme Clodius, cupide comme Crassus, perfide comme Jugurtha, démagogue comme Cléon et versatile comme Alcibiade, comment penser qu’un tel homme pourrait avoir une autre fin que la leur ? Comment le peuple français, s’il avait eu encore des lettres, aurait-il pu confier le pouvoir à un tel homme en 2007 ? Il s’en est suivi pour la France exactement ce qu’il devait s’ensuivre, exactement ce qui s’est passé dans le cas d’Athènes hypnotisée par Alcibiade : ruine, perte de prestige, perte de la suprématie continentale, génération sacrifiée.
Maintenant, passons à l’élection suivante. Comment penser qu’un homme qui n’a jamais exercé la moindre responsabilité, qui n’a jamais été ministre (!), un homme paresseux, sensuel et inexpérimenté comme Vitellius, comment penser qu’un tel homme pourrait mieux réussir que ce dernier ? Mais que s’est-il donc passé dans la tête des Français pour qu’ils aient espéré trouver leur salut entre de telles mains ?
A présent, en nous appuyant toujours sur Plutarque, tentons de discerner l’avenir, de tracer le portrait de l’homme qui est appelé à reprendre les rênes de l’Etat et à le remettre enfin sur le chemin de la grandeur et de la prospérité. Comment ne pas voir qu’un homme qui a perdu son père dans son enfance comme Jules César, qui a commencé dans la vie en labourant son champ comme Caton l’Ancien, qui est bègue comme Démosthène, pieux comme Numa Pompilius, intègre comme Aristide, inflexible comme Caton d’Utique, prévoyant comme Fabius Maximus et conscient des enjeux vitaux de sa patrie comme Périclès, comment ne pas voir qu’un tel homme, de manière aussi inévitable que le soleil à se lever le matin, est destiné à gouverner et à imprimer sa marque sur son pays ? Je m’arrête là, il y a un certain degré d’évidence qui ne permet plus à l’expression de se manifester.