25 février 2021

Considérations sur la théologie mariale



La bienheureuse Vierge Marie est au cœur de nombreuses incompréhensions de la part des athées, des religions non chrétiennes et des frères séparés de l’Église catholique. Cet article se propose de clarifier un certain nombre de points sur le plan théologique, et d’ouvrir des perspectives sur le rôle véritable que la bienheureuse Vierge Marie est appelée à jouer dans la vie de chacun, pour le plus grand profit de tous et la plus grande gloire de Dieu.
 
La Vierge Marie et la France
La France, entre toutes les nations, a été singulièrement favorisée par la bienheureuse Vierge Marie. Sur la quinzaine d’apparitions mariales officiellement reconnues par l’Église catholique, c’est la France qui arrive seule en tête avec quatre apparitions. La France, fille aînée de l’Église, pays des bergers, des humbles et des martyrs, animée par une foi et une espérance jamais démenties, semble avoir été spécifiquement désignée pour porter le flambeau de la dévotion mariale au reste du monde. En tant que Français du vingt-et-unième siècle, nous sommes doublement placés sous le patronage de la Vierge Marie : par le vœu de Louis XIII de 1638 qui consacre la France à Notre-Dame, et par le geste du souverain pontife Jean-Paul II de confier le troisième millénaire à la protection de la bienheureuse Vierge Marie (Novo Millennio Ineunte, 58).
 
Les grands principes de la théologie mariale
- Le Christ unique rédempteur. Il est parfois reproché à l’Église catholique de rendre un culte disproportionné à la Vierge, et de verser dans un certaine « mariolâtrie ». Dans un souci à la foi de clarification du dogme, et de rapprochement, sur des bases saines, à l’égard des autres confessions chrétiennes, le concile de Vatican II a réaffirmé que le Christ est « l’unique médiateur », rejetant ainsi certaines propositions qui visaient à attribuer à Marie le titre de « corédemptrice »  : « C’est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les titres d’avocate, auxiliatrice, secourable, médiatrice, tout cela cependant entendu de telle sorte que nulle dérogation, nulle addition n’en résulte quant à la dignité et à l’efficacité de l’unique Médiateur, le Christ » (Lumen Gentium, 62). Louis-Marie Grignion de Montfort († 1716), dans son Traité de la vraie dévotion à la Vierge Marie, qui aura une grande influence sur la pensée de Jean-Paul II, le rappelle : « Jésus-Christ notre Sauveur, vrai Dieu et vrai homme, doit être la fin dernière de toutes nos autres dévotions » (n°61). Et de citer l’Écriture : « Il n’a point été donné d’autre nom sous le ciel, que le nom de Jésus, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4, 12).
- La Vierge, Chemin privilégié vers le Christ. Comme l’a enseigné Jean-Paul II, notamment dans sa lettre apostolique Rosarium Virginis Mariæ (2002), la Vierge est un intermédiaire « indépassable » pour contempler « le visage du Christ  » (n° 9). Nous avons en effet besoin d’un « médiateur auprès du Médiateur même » (Traité de la vraie dévotion à la Vierge Marie, 85). Marie est une créature comme nous, nous pouvons donc nous confier sans crainte à son intercession afin de rejoindre le Fils : « Si nous craignons d'aller directement à Jésus-Christ, ou à cause de sa grandeur infinie, ou à cause de notre bassesse, ou à cause de nos péchés, implorons hardiment l'aide et l'intercession de Marie notre Mère : elle est bonne, elle est tendre ; il n'y a en elle rien d'austère ni rebutant, rien de trop sublime et de trop brillant ; en la voyant, nous voyons notre pure nature. Elle n'est pas le soleil, qui, par la vivacité de ses rayons, pourrait nous éblouir à cause de notre faiblesse ; mais elle est belle et douce comme la lune, qui reçoit la lumière du soleil et la tempère pour la rendre conforme à notre petite portée » (ibid.). Cette image si parlante du soleil, unique source de lumière, et de la lune qui la reflète, rejoint exactement l’enseignement du concile de Vatican II sur les rapports mutuels de la Vierge et du Christ : « Toute influence salutaire de la part de la bienheureuse Vierge sur les hommes (…) découle de la surabondance des mérites du Christ ; elle s’appuie sur sa médiation, dont elle dépend en tout et d’où elle tire toute sa vertu » (Lumen Gentium, 60).
- « Bienheureuse celle qui a cru ». La maternité de la Vierge Marie n’est pas seulement celle de la chair, mais aussi celle de la foi. C’est en cela que Marie est aussi notre Mère. Par son « Fiat » à l’annonce de l’ange (Lc 1, 38), Marie a répondu à l’appel de Dieu, et a ainsi ouvert le chemin du salut à l’humanité entière. Les évangiles nous la montrent sans cesse attentive à la parole de Jésus, et en position d’intercession entre Jésus et les hommes : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5). C’est donc à ce titre avant tout que Marie mérite d’être vénérée, comme l’indique Jean-Paul II : « Assurément Marie est digne d'être bénie, du fait qu'elle est devenue la Mère de Jésus selon la chair (…), mais aussi et surtout parce que dès le moment de l'Annonciation elle a accueilli la Parole de Dieu, parce qu'elle a cru, parce qu'elle a obéi à Dieu, parce qu'elle « conservait » la Parole et « la méditait dans son cœur » et l'accomplissait par toute sa vie » (Redemptoris Mater, 20). En cela, et c’est là le message profond de l’Évangile, Marie illustre l’enseignement de Jésus sur la fraternité véritable en Christ : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique » (Lc 8, 21).
 
Témoins de Marie
Finissons cet article par des considérations d’un autre ordre. Notre époque, aveugle au Mystère, sourde à la parole des âges, ne croit que ce qu’elle voit. Indiquons donc pour finir un phénomène qui dépasse notre portée : pour des raisons qui nous échappent, les corps de deux témoins d’apparitions mariales au dix-neuvième siècle n’ont pas été soumis à la corruption naturelle après la mort. On peut les observer, aujourd’hui encore, dans leurs lieux de repos respectifs. Il s’agit de celui de Bernadette Soubirous à Nevers :
 
 
Et de celui de Catherine Labouré à la chapelle de la Médaille miraculeuse de la rue du Bac à Paris :
 
 
Adresse finale
Puisse la Vierge Marie apporter du réconfort à ceux qui souffrent en cette époque parfois si brutale et si inhumaine. Puisse-t-elle ouvrir les cœurs fermés de tant de nos contemporains. Puisse-t-elle montrer le chemin de la prière aux hommes, qui négligent si souvent cet accès précieux que nous avons au Père. Puisse-t-elle nous accompagner, aujourd’hui et demain, comme elle l’a fait autrefois, pour nous conduire à notre unique Sauveur, notre unique espérance, notre Seigneur, Jésus Christ.
 
Références :
- Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen Gentium
- Jean-Paul II, encyclique Redemptoris Mater
- Jean-Paul II, lettre apostolique Rosarium Virginis Mariæ
 

17 février 2021

Journal de lectures : février 2021



Lu Cinq semaines en ballon de Jules Verne, avec intérêt, mais sans grand plaisir. La vision techniciste du monde est déjà présente chez Jules Verne, il n'est question que d'obstacles à franchir, et de moyens à mettre en œuvre. L'homme se transforme en machine. Le monde est survolé comme un spectacle, sans engagement ni interaction véritable. Déshumanisation au profit de la mainmise sur les choses. Conception très moderne. Monde désenchanté par la science, vidé de ses dieux, de sa durée, de ses forces mystérieuses, de sa poésie, ramené aux seules forces mécaniques.
Relu les livres IV et V des Contemplations de Hugo avec beaucoup de plaisir, et le mot est faible. Les Contemplations sont sans nul doute le plus grand livre de la littérature française pour moi. Si je ne devais en sauver qu'un, ce serait celui-là. Plénitude de chaque vers, qui porte à sa perfection chacune des dimensions du langage : beauté du rythme et des sonorités, élévation de la pensée, ouverture sur l'infini, appréhension totale de la vie, avec toutes ses douleurs et toutes ses joies. La vie tout entière est dans Les Contemplations, il n'y a vraiment pas grand-chose à rajouter.
Lu Ham on Rye (Souvenirs d'un pas grand-chose) de Bukowski, en anglais. Je me souvenais du reste assez bien de la version française. Grand livre d'un grand auteur. Bukowski a son style, il ne recule pas devant l'obstacle, et fait jaillir l'étincelle de la grisaille des choses. Vision très américaine malgré tout : tout se termine par des coups et des bagarres, éloge implicite du courage, de la ténacité, de la virilité, etc.