D'après Bossuet, nous sommes « relégués dans cette dernière partie de l’univers, qui est le théâtre des changements et l’empire de la mort » (Sermon sur la mort). Pour la Bhagavad-Gîtâ, nous sommes « tombés dans ce monde éphémère et misérable » (IX, 33). Pour le bouddhisme, nous devons regarder ce monde comme « une simple bulle d’eau ou un pauvre mirage » (Dhammapada, 170). Et la Bible prescrit : « N’aimez ni le monde ni ce qui est dans le monde » (1 Jean, 2, 15).
Voilà une belle unanimité, ne pus-je m’empêcher de penser. J’allumai ensuite la télévision, histoire d’avoir le point de vue de mes contemporains sur la question. Je vis une tout autre version, un monde coloré, de la musique, des danses, des visages épanouis et souriants. La vie était décrite comme une chose infiniment précieuse, excitante, dont il fallait profiter, jouir au maximum.
Il y a un problème, me dis-je. Entre la sagesse écrite des siècles passés et la réalité vécue de mon temps, nul point de contact, une divergence radicale, c’est le nord et le sud, blanc et noir, A et -A. Il faut pourtant que l’un ait tort et l’autre raison, ça ne peut pas être les deux à la fois. A qui donc se fier ? Quel guide suivrai-je ? Dois-je écouter la tradition spirituelle de tous les siècles et de toutes les civilisations ou les injonctions de mon époque ? Les livres ou les gens ? Cyril Hanouna ou Bouddha ?