Lu Les Aventures d’Arthur Gordon Pym d’Edgar Poe, avec intérêt, mais sans grand plaisir, je dois le reconnaître. Ma curiosité était à son comble devant cette pierre philosophale de la critique littéraire, qui a suscité maintes exégèses contradictoires, et qui a inspiré des suites à Jules Vernes (Le Sphinx des glaces) et à Howard Phillips Lovecraft (Les Montagnes hallucinées). J’attendais du mystère, de la poésie, et j’ai trouvé de l’horreur, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Deux observations à ce sujet :
Il est remarquable de constater que Poe présente tout ce cauchemar comme explicitement désiré par son personnage. Le jeune Arthur Gordon Pym déclare, au début de son récit et avant son grand voyage : « Toutes mes visions étaient de naufrage et de famine, de mort ou de captivité parmi les tribus barbares, d’une existence de douleurs et de larmes, traînée sur quelque rocher grisâtre et désolé, dans un océan inaccessible et inconnu. » Or le roman ne sera pas autre chose que la concrétisation, jusque dans ses moindres détails, de la rêverie initiale. Nous avons ici une brillante illustration de l’axiome ancestral selon lequel la réalité n’est rien d'autre que la matérialisation des représentations internes, principe exprimé par Bouddha de la façon suivante : « La pensée précède toutes choses. Elle les gouverne, elle en est la cause. » (Dhammapada, 1).
Il est ensuite hautement significatif que toute ma lecture de ce livre ait été accompagnée d’un léger mais constant malaise physique. Oppression thoracique, perte de repères, fébrilité, nuits agitées, etc. Tout cela se ramène, cette fois encore, à l’unique problème de la gestion du discours intérieur. Il y a des livres, ceux de Platon, de Sartre, de Bukowski, dans lesquels l’auteur surplombe complètement le discours, le maîtrise jusque dans ses moindres nuances. Lire de tels ouvrages procure un sentiment de contrôle, une légère euphorie. Ce qui caractérise la littérature horrifique au contraire, c’est la perturbation permanente du discours par l’irruption d’événements imprévus et terrifiants. D’où les phrases tronquées, points de suspension, modalités exclamatives, etc. Ce n’est plus le sujet qui domine, c’est le monde, un monde hostile. Edgar Poe et Stephen King me semblent les plus parfaits représentants de cette littérature, et j’ai éprouvé à peu près les mêmes sensations en lisant Les Aventures d’Arthur Gordon Pym qu’en essayant de relire, sans succès, Shining ou Sac d’os.
Il est remarquable de constater que Poe présente tout ce cauchemar comme explicitement désiré par son personnage. Le jeune Arthur Gordon Pym déclare, au début de son récit et avant son grand voyage : « Toutes mes visions étaient de naufrage et de famine, de mort ou de captivité parmi les tribus barbares, d’une existence de douleurs et de larmes, traînée sur quelque rocher grisâtre et désolé, dans un océan inaccessible et inconnu. » Or le roman ne sera pas autre chose que la concrétisation, jusque dans ses moindres détails, de la rêverie initiale. Nous avons ici une brillante illustration de l’axiome ancestral selon lequel la réalité n’est rien d'autre que la matérialisation des représentations internes, principe exprimé par Bouddha de la façon suivante : « La pensée précède toutes choses. Elle les gouverne, elle en est la cause. » (Dhammapada, 1).
Il est ensuite hautement significatif que toute ma lecture de ce livre ait été accompagnée d’un léger mais constant malaise physique. Oppression thoracique, perte de repères, fébrilité, nuits agitées, etc. Tout cela se ramène, cette fois encore, à l’unique problème de la gestion du discours intérieur. Il y a des livres, ceux de Platon, de Sartre, de Bukowski, dans lesquels l’auteur surplombe complètement le discours, le maîtrise jusque dans ses moindres nuances. Lire de tels ouvrages procure un sentiment de contrôle, une légère euphorie. Ce qui caractérise la littérature horrifique au contraire, c’est la perturbation permanente du discours par l’irruption d’événements imprévus et terrifiants. D’où les phrases tronquées, points de suspension, modalités exclamatives, etc. Ce n’est plus le sujet qui domine, c’est le monde, un monde hostile. Edgar Poe et Stephen King me semblent les plus parfaits représentants de cette littérature, et j’ai éprouvé à peu près les mêmes sensations en lisant Les Aventures d’Arthur Gordon Pym qu’en essayant de relire, sans succès, Shining ou Sac d’os.