27 février 2020

Isaac Asimov : Les Robots



Lu Les Robots d’Isaac Asimov (1950), sans grand plaisir, je dois le reconnaître. Les nouvelles du recueil sont assez répétitives : un robot est confronté à un dilemme, une injonction contradictoire par rapport aux trois lois de la robotique, et la crise se dénoue une fois que la contradiction est mise à jour. C’est très ingénieux, mais ce sont fondamentalement des histoires à chute, donc toute la lecture est tendue vers le dénouement, et sans grand intérêt en soi (style neutre, pas de bifurcation, pas de twist). C’était la méthode d’Asimov, de son propre aveu : il savait d’où il partait et où il devait aboutir, et le travail d’écriture consistait à relier les deux points. C’est aussi ce qui m’ennuie souvent chez Lovecraft ; au contraire, chez Dick, chez Bukowski, les twists sont permanents, ce qui rend la lecture très divertissante.
Sur le fond, c’est bien entendu un livre brillant, un classique : toute notre réalité est déjà là, très précisément dépeinte quant à son essence : l’irruption de la technique transforme les humains eux-mêmes en robots, ramène le monde à la seule dimension de la fonctionnalité et de l’effectivité, les seuls événements sont dorénavant les dysfonctionnements qui enrayent la machine. Je ne connais pas assez l’œuvre d’Asimov pour me prononcer de manière certaine, mais tout cela a l’air de lui convenir assez bien. Comme Lovecraft, comme Kant, Asimov semblait être un homme essentiellement rationnel : pas d’histoire d’amour dans son livre (sinon une petite facétie humoristique), un style plat, neutre, une vision parfaitement objective de la réalité – Asimov était aussi et surtout, rappelons-le, un grand scientifique. Ces hommes-là sont sans doute les plus heureux, et leurs ouvrages vieillissent remarquablement bien. Mais enfin on peut trouver ça ennuyeux. Sans doute devrai-je lire d’autres ouvrages de lui pour me faire une opinion plus juste et plus précise. Mais ce type de science-fiction old school (également illustré par Clifford Simak qui a directement influencé Asimov) n’est vraiment pas le genre de fiction que je préfère.

2 commentaires:

  1. Salut Laconique !

    D'Asimov j'ai lu les deux premiers livres de la série "Fondation", et les deux prequels à cette série ; le second (l'Aube de Fondation je crois) mérite la lecture, avec un côté pré-apocalyptique assez émouvant.

    Sinon, je me demandais si vous connaissiez François Bégaudeau ? Moi pas. Mais je suis tombé sur un entretien de lui sur son dernier livre, il semble avoir des intuitions sociologiques fascinantes, cet homme. Et en plus il a lu Léon Bloy.

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  2. Eh, bonjour cher Johnathan Razorback, cela faisait longtemps !

    J’ai vu vos derniers articles sur votre site, le gros travail de traduction sur « le sentiment national aux Etats-Unis », et l’article pro-brexit. Tout cela est très pointu, parfois un peu théorique aussi je l’avoue, d’autant que je ne partage pas du tout certaines de ces positions.

    La série Fondation est culte, il faudra que je tâte un peu ça. Mais pas tout de suite…

    J’ai vu quelquefois François Bégaudeau à la télé, ou entendu à la radio. Il est surtout connu pour le film Entre les murs, Palme d’or à Cannes. Je vous avoue que j’ai surtout l’image d’un prof de gauche bien-pensant et donneur de leçons, avec néanmoins du talent et du franc-parler. La plupart des intellectuels de gauche se droitisent en vieillissant (Onfray, Finkielkraut, bien d’autres), alors peut-être que Bégaudeau est un peu plus subversif maintenant.

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