19 avril 2018

The Rocky Horror Picture Show, film crypto-chrétien


I've tasted blood and I want more.

J’ai découvert The Rocky Horror Picture Show assez tard dans ma vie, mais c’est devenu un de mes films préférés, que je regarde au moins une fois par an. C’est un film unique, qui figure dans le Livre des records à plusieurs titres : il est toujours diffusé dans certaines salles de cinéma plus de quarante ans après sa sortie, ses projections donnent lieu à d’étranges rituels, il a des fans absolus, comme Sal Piro qui l’aurait vu plus de deux mille fois depuis 1975. C’est le film culte par excellence. Mais derrière la surface délurée et sataniste, ne faut-il pas voir dans The Rocky Horror Picture Show la présence d’un autre message, un message caché, un message pour tout dire chrétien ? Plusieurs pistes vont dans ce sens. On peut en citer trois :
1. La dénonciation de l’illusion politique. Un détail du film, presque imperceptible, me semble lourd de signification. Au début du film, Brad et Janet sont dans leur voiture, lorsqu’on entend à la radio la voix de Richard Nixon annonçant sa démission après le scandale du Watergate. On entre alors symboliquement dans un nouveau monde, un monde sans politique, sans lois, où le pouvoir est dénoncé comme une imposture malhonnête et délétère. C’est exactement le rapport qu’entretenaient les premiers chrétiens avec le pouvoir, en particulier romain (voir l’Apocalypse de Jean). Dorénavant, c’est un autre ordre qui va se mettre en place, fondé sur une liberté absolue, celle de Frank-N-Furter dans le film, celle du Christ dans le Nouveau Testament.
2. Le sacrifice eucharistique. Dans le film, Eddie est tué par Frank, puis son corps est mangé lors d’un repas solennel qui réunit tous les personnages, lesquels entonnent une chanson à sa mémoire. Je n’insiste pas sur le parallèle.
3. La promotion d’un idéal communautaire. Le film commence par une scène de mariage, à la suite de laquelle Brad fait officiellement sa demande à Janet. Le point de départ des personnages est donc l’idéal bourgeois et mesquin du couple hétérosexuel, attendri par son petit confort matériel et égoïste. Tout le film sera l’histoire du passage de cet état à une liberté sexuelle absolue, où les frontières entre les sexes n’ont plus cours, où tout le monde s’offre à tout le monde, sans appartenance exclusive, sans engagement, sans souci du lendemain. De façon significative, le film s’achève par une scène de partouze dans la piscine du château, avec ces deux mots d’ordre : « Give yourself over to absolute pleasure », et « Don’t dream it, be it ». On retrouve là l’idéal communautaire bien connu des Évangiles et des premiers chrétiens.
Il y aurait encore bien d’autres choses à dire sur The Rocky Horror Picture Show, ce film si particulier, dont il se dégage une atmosphère si spéciale. C’est un de mes films préférés, c’est un des rares films qui parlent à mon cœur.