27 octobre 2017

Un épisode mystérieux de la vie de Fiodor Dostoïevski


J’ai découvert l’œuvre de Dostoïevski à l’âge de seize ans. Dès cette époque, un épisode secondaire et extrêmement macabre de Crime et châtiment avait attiré mon attention, d’autant plus que cet épisode, d’après les notes de l’ouvrage, n’était pas sans lien, apparemment, avec un épisode réel de la vie de l'auteur. On trouve des échos plus ou moins voilés de cette affaire dans plusieurs textes. Tout d’abord, dans la retranscription d’une conférence sur Dostoïevski qu'André Gide a donnée en 1922. Je cite ici l’extrait en question dans son intégralité :

« Il y a, dans la vie de Dostoïevski, certains faits extrêmement troubles. Un, en particulier, auquel il est déjà fait allusion dans Crime et châtiment (t. II, p. 23) et qui semble avoir servi de thème à certain chapitre des Possédés, qui ne figure pas dans le livre, qui est resté inédit, même en russe, qui n’a été, je crois, publié jusqu’à présent qu’en Allemagne, dans une édition hors commerce. Il y est question du viol d’une petite fille. L’enfant souillée se pend dans une pièce, tandis que dans la pièce voisine, le coupable, Stavroguine, qui sait qu’elle se pend, attend qu’elle ait fini de vivre. Quelle est dans cette sinistre histoire la part de la réalité ? C’est ce qu’il ne m’importe pas ici de savoir. Toujours est-il que Dostoïevski, après une aventure de ce genre, éprouva ce que l’on est bien forcé d’appeler des remords. Ses remords le tourmentèrent quelque temps, et sans doute se dit-il à lui-même ce que Sonia disait à Raskolnikov. Le besoin le prit de se confesser, mais point seulement à un prêtre. Il cherche celui devant qui cette confession devait lui être le plus pénible ; c’était incontestablement Tourgueniev. Dostoïevski n’avait pas revu Tourgueniev depuis longtemps, et était avec lui en fort mauvais termes. M. Tourgueniev était un homme rangé, riche, célèbre, universellement honoré. Dostoïevski s’arma de tout son courage, ou peut-être céda-t-il à une sorte de vertige, à un mystérieux et terrible attrait. Figurons-nous le confortable cabinet de travail de Tourgueniev. Celui-ci à sa table de travail. – On sonne. – Un laquais annonce Theodor Dostoïevski. – Que veut-il ? – On le fait entrer, et tout aussitôt, le voici qui commence à raconter son histoire. – Tourgueniev l’écoute avec stupeur. Qu’a-t-il à faire avec tout cela ? Sûrement, l’autre est fou ! Après qu’il a raconté, grand silence. Dostoïevski attend de la part de Tourgueniev un mot, un signe… Sans doute croit-il que, comme dans ses romans à lui, Tourgueniev va le prendre dans ses bras, l’embrasser en pleurant, se réconcilier avec lui… mais comme rien ne vient :
« Monsieur Tourgueniev, il faut que je vous dise : je me méprise profondément… »
Il attend encore. Toujours le silence. Alors Dostoïevski n’y tient plus et furieusement il ajoute :
« Mais je vous méprise encore davantage. C’est tout ce que j’avais à vous dire… » et il sort en claquant la porte. Tourgueniev était décidément trop européanisé pour le bien comprendre. »

André Gide, Dostoïevski, dans Essais critiques, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1999, p. 583-584.

Le second texte est une lettre du premier biographe de Dostoïevski, Nicolaï Strakhov, adressée à Léon Tolstoï. Elle est reproduite dans l’ouvrage de Léon Chestov, Sur la balance de Job. Strakhov écrit :

« Tout le temps que j'écrivais, je devais lutter contre un sentiment de dégoût qui se levait en moi, je tâchais d'étouffer mes mauvais sentiments. Aidez-moi à m'en débarrasser. Je ne peux considérer Dostoïevsky comme un homme bon et heureux. Il était méchant, envieux, débauché. Toute sa vie, il fut en proie à des passions qui l'auraient rendu ridicule et misérable s'il n'avait pas été aussi intelligent et aussi méchant. Je me suis vivement souvenu de ces sentiments à l'occasion de cette biographie. Devant moi, en Suisse, il traitait si mal son domestique que celui-ci s'en offensa et lui dit : « Mais moi aussi je suis un homme ! » (…) De telles scènes se reproduisaient constamment, et il ne pouvait contenir sa méchanceté. (…) Les vilenies l'attiraient et il s'en glorifiait. Viskovatov (le professeur de l'université de Yourieff) m'a raconté comment il se vantait d'avoir mis à mal, au bain, une petite fille que lui avait amenée la gouvernante. Parmi ses personnages, ceux qui lui ressemblent le plus, c'est le héros de La Voix souterraine, c'est Svirdrigaïlov, Stravoguine. Katkov refusa de publier une des scènes de Stravroguine (le viol, etc.), mais Dostoïevsky l'a lue ici à un grand nombre de gens. (…) Voici un petit commentaire à ma biographie ; je pourrais décrire ce côté du caractère de Dostoïevsky, je me souviens de nombreux cas encore plus frappants que ceux que je viens de citer ; mon récit aurait été plus véridique. Mais que périsse cette vérité ; continuons à étaler le beau côté de l'existence, comme nous le faisons toujours, dans toutes les occasions. »

Cité dans Léon Chestov, Sur la balance de Job, Flammarion, 1971, p. 103.

Il sera sans doute à jamais impossible de faire la pleine lumière sur ces troublantes allégations de viol d’une petite fille commis par Dostoïevski. Néanmoins, deux faits sont avérés : 1° Dostoïevski a reconnu être l'auteur d'un tel acte devant plusieurs interlocuteurs différents. 2° Des allusions explicites à un épisode de cette nature figurent à deux reprises dans son œuvre, dans Crime et châtiment et dans un chapitre censuré des Possédés.
Toutes ces informations étaient là, transparentes, depuis plus d’un siècle. Si des soupçons de cet ordre pesaient de nos jours sur un homme politique, un sportif, une personnalité quelconque, la conséquence immédiate serait un discrédit total et sans rémission. En ce qui concerne Dostoïevski, avant même sa mort, il a été considéré en Russie comme un écrivain national. Son convoi funèbre, en février 1881, a été suivi par plus de trente mille personnes. Son buste figure dans les rues de Saint-Pétersbourg, Moscou, Dresde, etc. Son portrait a orné des timbres, des stations de métro.
Pour ma part, je continuerai à lire Dostoïevski. On peut néanmoins mesurer, à la faveur de cette mystérieuse affaire, à quel point les artistes jouissent d’un privilège d’extra-moralité. Le caractère, la conduite privée ou publique d’un créateur, d’un romancier en l’occurrence, n’affectent en aucune façon la réception qui est faite de son œuvre. Ce qui démontre une fois de plus, si besoin en était, que l’art n’a décidément rien à faire avec la morale.

8 commentaires:

  1. @Laconique
    "Si des soupçons de cet ordre pesaient de nos jours sur un homme politique, un sportif, une personnalité quelconque, la conséquence immédiate serait un discrédit total et sans rémission."

    Vous avez hélas raison cher Laconique, l'hubris de nos contemporains étant ce qu'il est, personne ne fait plus preuve de retenue face à de simples "soupçons", aussi odieuse soit l'accusation portée. La médiacratie est à genoux devant la rumeur publique, lorsqu'elle n'est pas elle-même instigatrice de calomnie. On le voit en ce moment avec un producteur de cinéma américain qui est forcément coupable, coupable a priori et déjà condamné médiatiquement car blanc et de sexe masculin (voire, pour une certaine droite, parce que juif)... Pire, on a vu en France un candidat perdre une présidentielle gagnée d'avance sur la base d'une campagne de presse continue, alors qu'a côté la justice n'a encore rendu aucune condamnation... Quelle désolation !

    Je n'ai pas lu Dostoïevski, c'est assez noir dit-on. Dostoïevski était un personnage bizarre, réactionnaire et obsédé par le thème chrétien de la rédemption mais venu, ce qu'on sait peu, du socialisme utopique de Fourier...

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    1. Ah là là cher Johnathan Razorback, je ne sais pas si le but d’un philosophe est de produire des « considérations intempestives », mais j’avoue que vous avez le don de m’irriter au plus haut point. C’est peut-être une question d’âge, de génération. C’est à croire que nos neurones ne sont pas agencés de la même façon dans nos têtes. J’en viens parfois presque à douter de votre sincérité, à me demander si vous ne soutenez pas des positions volontairement paradoxales pour le prestige et le plaisir de penser différemment.

      Pour l’affaire Weinstein, je ne le juge ni ne le condamne, je ne me joins pas à la meute qui a été bien silencieuse pendant bien longtemps. Mais bon, quand je vois une douzaine ou plus de témoignages d’actrices, et d’autres (Tarantino : « Je savais mais je n’ai rien dit »), que voulez-vous, mon cerveau est fait de telle manière que le « pour » et le « contre » ne pèsent pas le même poids sur la balance de mon for intérieur… Par ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’on voit tant de ces histoires surgir dans le milieu du cinéma. Le cinéma, en ce qu’il sollicite l’excitation sensorielle et qu’il est une forme exacerbée de mimesis cathartique, est ontologiquement lié au mal, comme je le développerait peut-être un jour ici même.

      Pour l’affaire Fillon, je vous avoue que c’est un des rares sujets où j’ai du mal à garder mon sang-froid. C’est amusant cette tendance des penseurs anti-platoniciens à rejeter toute justice en tant que valeur absolue et objective, et à accorder en même temps un crédit sans réserve à la justice des hommes. C’est précisément là-dessus que s’appuient les délinquants chevronnés des hautes sphères. C’est ce que répète à tout bout de champ N.S., qu’il n’a jamais été condamné, dans les affaires Karachi, Kadhafi, Tapie 1, Tapie 2, Tapie 3, Buisson, Bettencourt, Guéant 1, Guéant 2, etc. La lenteur et la complexité extrême des procédures judiciaires les garantit de tout, et ils le savent bien. Et vous le savez aussi, et Fillon le savait aussi, qui a vendu son âme au diable pour un poste, ce qui est sans doute le pire destin pour un être humain. Que voulez-vous, moi je suis du côté de la vérité, et non du discours. Et la vérité c’est que la France a été ruinée, son honneur bafoué et une génération sacrifiée sous N.S., et que vous n’avez pas écrit une ligne pour vous y opposer. Et la vérité c’est que Fillon est un être torve et médiocre qui n’a jamais travaillé de sa vie et qui a toujours été fort peu scrupuleux des principes en regard de son confort personnel (l’effort c’est pour les autres, les privilèges pour lui), comme il ressort de l’excellent ouvrage de Bruno Roger-Petit, Le Pire d’entre eux, que j’ai lu ce printemps et que je vous recommande.

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    2. Croyez bien que mon but n'est nullement de vous irriter, Laconique. Et qu'à moins d'être ostensiblement ironique, je m'efforce en effet d'être absolument sincère.

      Votre reprenez à votre compte la rhétorique plébéienne du "tous pourris et intouchables". Mais ce n'est pas vrai. Je vous rappelle qu'une des créatures rampantes de votre Némésis a été condamné en appel "à deux ans de prison dont un ferme, assorti d'une peine d’amende de 75 000 euros". Quant à la "Bête de Hongrie" elle-même, vous n'ignorez pas que le Malin étant prince de ce monde, la justice terrestre fait ce qu'elle peut... Maintenant, c'est l'honneur du droit français et même d'une législation civilisée que de tenir l'accusé pour innocent jusqu'à preuve du contraire, comme le rappelle de manière fort bienvenue l'un de nos confrères blogueurs. Qu'il soit difficile de s'abstenir de commenter ce qu'il n'a pas à l'être (en public du moins), soit, mais c'est ce qui distingue les bavards de l'homme prudent.

      Que Fillon ne soit pas un personnage très recommandable, on pouvait le savoir depuis la dernière guerre que son gouvernement a conduite ... Mais qui s'intéresse à des gens du mauvais côté de nos missiles ? ... Et qui se soucie du pouvoir croissant (et sans contre-pouvoirs, celui-là) des média qui peuvent "se faire un candidat" et changer le cours d'une élection présidentielle sur la base de calomnies ? (ça devrait pourtant vous intéresser, M. Bayrou ayant, parmi d'autres, ayant été poussé à quitter le gouvernement sur la même "présomption de culpabilité" qui a envahi, je dirais même empoissonnée, notre vie publique).

      Quant à dire me reprocher de ne pas avoir pris la plume contre M. Sarkozy, vous y allez un peu fort cher Laconique. N'oubliez pas que mon premier blog n'a ouvert qu'en 2014...

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    3. C’est la première fois que je me fais traiter de « plébéien », mais je ne le prends pas mal. La vérité c’est que beaucoup de gens ont l’impression qu’il y a deux poids deux mesures en fait de justice, que ceux qui volent un milliard risquent moins que ceux qui volent cent euros (cf. Christine Lagarde, Strauss-Kahn, ma « némésis », etc.). Et quant à la condamnation à laquelle vous faites allusion, cela prouve juste qu’il y a des « fusibles » (Woerth dans l’affaire Bettencourt, Lagarde dans l’affaire Tapie), pour éviter que les coupables (que le coupable) ne soient inquiétés, ce qui renforce le côté révoltant de l’affaire. Mais ce n’est pas vraiment le sujet de ce blog ni de cet article, aussi je n’insiste pas.

      Vous n’avez sans doute pas tort sur le côté destructeur et l’impunité des médias. On jette des noms en pâture et la machine devient incontrôlable. Et les réseaux sociaux n’ont pas arrangé les choses. Votre fidélité à la raison vous honore, mais il faut reconnaître qu’à notre époque et avec nos technologies c’est l’émotion qui tend à prendre le dessus, parfois pour le meilleur et souvent pour le pire. Moi j’ai un instinct moral inné, je sais tout de suite dans quel sac mettre un Fillon et dans quel autre mettre un Bayrou, mais je reconnais que c’est un peu léger comme argument.

      Eh oui, cher M. Razorback, vous n’étiez même pas majeur en 2007, à peine en 2012, on ne peut pas vous reprocher de n’avoir rien fait à cette époque. Mais vous êtes si précoce qu’à douze ans je vous imagine déjà lisant du Nietzsche ! Moi à cet âge-là je jouais à la Game Boy et je découvrais à peine Stephen King…

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  2. Éh bien, cher Laconique, vous surfez sur la tendance, on peut dire que votre nouvel article résonne avec l'actualité ! Cependant, si l'on songe inévitablement à l'affaire Weinstein à sa lecture, il m'évoque davantage les aventures d'un autre homme de cinéma, Roman Polanski, qui, je vous le rappelle, a eu le bon goût de prendre dans la piscine de sa villa une fillette de treize ans après l'avoir droguée. Et comme Roman ne fait pas les choses à moitié, et c'est là selon moi que l'on peut juger de la perversité et du manque absolu de scrupules du bonhomme, il ne s'est pas contenté de lui démonter la chatte, il l'a également copieusement enculée. Il est sympa, Roman ! Bon, cela étant dit, on peut aussi louer sa magnanimité, étant donné que la gamine est toujours en vie, contrairement à celle dont se serait occupé Dostoïesvki. Remarquez, pas sûr qu'il aurait bougé le petit doigt, si sa victime avait voulu se suicider après qu'il eut procédé à ses petites bricoles : on peut même imaginer qu'il ne se serait pas privé de remettre le couvert avec le cadavre.

    À vrai dire, concernant Dostoïevski, je ne serais pas surpris que tout ça soit véridique, le style même du russe barbu et la teneur de ses livres tendent en ce sens. On sent une personnalité brillante mais désorganisée, un esprit vif mais illuminé, un être d'une intelligence aiguë mais incapable de domestiquer avec une rigueur consciente ses trop nombreuses fulgurances.

    Et je ne suis pas surpris non plus que Gide se soit penché sur cette affaire : on peut lui faire confiance, à celui-là, pour s'en mêler dès qu'il est question de baise de mineurs. À mon avis, on n'aurait pas été loin du panégyrique de Dostoïevski s'il s'était s'agit d'un enfant de sexe masculin... Et on en vient tout logiquement à vous, cher Laconique : grand admirateur de Gide et de déviances sexuelles, rien d'étonnant que vous vous soyez à votre tour emparé de l'affaire ! En somme, tout cela se tient aussi solidement que les maillons d'une chaîne..

    En tout cas, je suis d'accord avec vous lorsque vous déclarez que "les artistes jouissent d’un privilège d’extra-moralité". On le constate avec l'affaire Polanski cité plus haut, le cinéaste étant de tous les festivals et porté aux nues, ce qui ne manque d'ailleurs pas d'indigner ce bon vieux Dieudonné, qui fait régulièrement le rapprochement avec sa propre condition de pestiféré médiatique et public et en profite pour faire le lien avec les origines de Polanski, qui, selon lui, lui conféreraient l'immunité bien davantage que le fait d'être artiste.

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  3. Du coup, pour revenir au scandale du moment, on peut se demander quand même ce qu'a fait ce pauvre Weinstein, de mêmes origines que Polanski, pour être ainsi cloué au pilori par ses pairs et toute la profession. Pourquoi maintenant ? Pourquoi un tel acharnement ? Hum, je ne peux m'empêcher de penser que les enjeux véritables nous demeurent inconnus et que l'affaire reste bien trouble. À moins d'en faire partie, nous ignorons et ignorerons toujours les arcanes de ce milieu, cher Laconique !

    De plus, tout ça est extrêmement hypocrite, si vous voulez mon avis. Merde, de quoi est-il donc coupable, ce gros porc de Weinstein ? D'avoir voulu profiter de ses privilèges sociaux, de son fric, pour tremper le biscuit ? Il veut niquer, c'est normal, c'est dans l'ordre naturel des choses, c'est humain. À mon sens, la seule différence entre Weinstein et ses pairs masculins se situe dans la démesure de l'appétit ; le fond, lui, reste le même. Et, concernant les femmes, je crois que ce genre de situation relève du fait quotidien et de la banalité sociale. D'ailleurs, elles ont beau jeu de monter au créneau, toutes ces salopes qui sont les premières se faire ramoner par des mecs riches et haut placés ! C'est pas demain la veille qu'on verra une Rose McGowan, par exemple, sucer la bite d'un éboueur...

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    1. Ah putain cher Marginal, j’aurais dû me douter qu’avec un sujet pareil vous ne feriez pas dans la dentelle. Je devrais vous censurer, mais vous êtes trop brillant, ça me fendrait le cœur. A ce propos, y a un livre de Bukowski sur l’écriture qui est sorti récemment, je suppose que vous êtes au courant, ce serait bien si vous nous pondiez un truc du genre « Women », ou des nouvelles, une suite des Histoires sextravagantes. Vos histoires de « chattes défoncées » ou de « copieusement enculée » seraient plus à leur place dans des écrits de ce genre que sur mon blog. Merci d’avance.

      C’est vrai qu’on ne peut pas s’empêcher de faire le lien avec l’affaire Weinstein ou Polanski, j’en avais bien conscience, même si ce n’était absolument pas le but de cet article. C’est vrai qu’il doit y avoir des choses vraiment glauques dans les milieux haut placés, c’est pas votre copain La Brebis qui dira le contraire. Mais le fait que Weinstein, Polanski, Woody Allen (ou Strauss-Kahn) soient juifs ne veut pas forcément dire qu’il y a une protection particulière à leur encontre. Si ces affaires sortent, si on les traîne dans la boue, c’est bien que ce n’est pas le cas. A mon avis c’est dur d’être équilibré dans le milieu du cinéma, l’essence même du cinéma est très ambiguë, qui joue sans cesse avec les pulsions primaires (« fear and desire ») du spectateur. En tout cas merci pour le récit circonstancié de l’affaire Polanski, on sent que votre plume est à l’aise dans ces matières, ça n’a pas dû vous coûter trop d’effort.

      Pour Dostoïevski, il faut reconnaître qu’il aurait des circonstances atténuantes : un père alcolo et assassiné par ses serfs, un simulacre d’exécution, quatre ans de bagne en Sibérie, des crises d’épilepsie sévères, une addiction au jeu et à la boisson, il a pris cher le Dosto ! Et c’est vrai que ses bouquins reflètent bien le personnage : c’est un peu destructuré, y a pas d’équilibre, pas d’harmonie, pas de vraie maîtrise de soi. Mais c’était un conteur hors pair, et un psychologue très profond, c’est pour ça que je lis régulièrement.

      Y a beaucoup d’hypocrisie dans l’affaire Weinstein, c’est pas moi qui vais dire le contraire. Quand il était au sommet il était intouchable, et maintenant que ses affaires vont moins bien la meute se déchaîne. Il a sans doute produit le meilleur film du vingtième siècle (« Pulp Fiction »), et rien que pour ça il mériterait un peu d’indulgence. Et c’est toute la société qui est hypocrite : la séduction et l’attraction sexuelle sont le sujet unique de presque tous les films et toutes les publicités, la femme est systématiquement réduite sur les écrans au statut de générateur de fantasmes, et on s’étonne que les hommes deviennent frustrés et dépassent les limites. C’est Platon et Rousseau qui avaient raison, la mimesis est une école de dérèglements et personne ne le dit !

      Bon, merci pour votre gif, c’est du beau boulot il faut le reconnaître, il faudrait que je vous rende la pareille un de ces quatre. Mais vous êtes imbattable, sur ce plan-là comme sur bien d’autres, et si vous étiez réalisateur, ou même éboueur, vous n’auriez pas besoin d’user de la force pour qu’une Rose McGowan, une Gwyneth Paltrow ou une Eva Green s’occupent de votre manche, cher Marginal !

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    2. Allez, ne jouez pas les bégueules, cher Laconique, ça ne vous va pas ! Voulez-vous donc que je place à nouveau mon gif ou que j'en créée d'autres qui révèlent à vos innombrables lecteurs votre vraie nature (de queutard) ?

      Franchement, je fais tout mon possible pour être soft, mais il faut appeler un chat un chat, certaines situations ne souffrent pas la pudibonderie : Roman Polanski a littéralement défouraillé le trou du cul vierge d'une enfant, il a explosé son anus inexploré, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise. Et encore l'histoire ne dit malheureusement pas s'il a enchaîné, ce qui ne serait pas étonnant, avec une belle dirty sanchez...

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