14 mai 2020

Knut Hamsun : Mystères



Lu Mystères de Knut Hamsun (1892), sans grand plaisir, je dois le reconnaître. C’est le premier roman de cet auteur qui m’a ennuyé. On retrouve toutes les qualités de La Faim et de Pan, un personnage anticonformiste qui dynamite une société bourgeoise, de l’humour, une satire des duplicités féminines et des lâchetés masculines, un style net et impeccable, brillant, très intelligent, très drôle. Mais La Faim et Pan étaient relativement concis, tandis que Mystères m’a paru interminable, surtout les dialogues. Que de dialogues… Hamsun rejoint ici Dostoïevski dans ce qu’il a de plus plombant, les tirades sur des pages entières de personnages qui divaguent, prétendent étaler leur sagesse et ne font que montrer leurs névroses. Et tout cela paraît bien plus forcé que chez Dostoïevski, le héros fait le clown pour scandaliser le bourgeois, c’est divertissant au début mais c’est très vite lassant. Si le roman avait été deux fois plus court ça aurait été un vrai plaisir de lecture, les rapports hommes-femmes sont très bien vus comme toujours chez Hamsun, sans lourdeur, avec beaucoup de lucidité, mais que tout cela est long !

2 commentaires:

  1. Bonjour Laconique ! J'espère que vous vous portez bien.

    Knut Hamsum m'a toujours intriguée, je suis souvent passée devant ses livres sur les étals des librairies en hésitant à en prendre un ou deux, après avoir lu les quatrièmes de couverture. Je n'ai finalement jamais rien acheté de lui, peut-être un jour, qui sait, car je pense que cet auteur me plairait. En attendant, ma panne de lecture continue, et cela fait plusieurs mois que ça dure, mais je le prends bien. Je vais quand même devoir m'y forcer parce qu'après deux mois de confinement j'ai repris le travail, mais mon poste habituel est pour le moment interrompu et à la place j'ai été collée à un endroit où je sers de potiche masquée et où je m'ennuie comme un pangolin mort, ce supplice va probablement durer tout l'été, il va donc bien falloir que je lise pour passer le temps. Aller au boulot pour y faire des trucs persos, c'est vraiment une expérience désagréable. Mais bref. Votre courte chronique de Mystères n'est pas tombée dans l'oreille d'une sourde. Vous êtes un lecteur aguerri et je sais sais votre jugement sûr, c'est pourquoi, si je devais lire Knut Hamsun un jour, ce n'est pas par cet ouvrage que je commencerai, même si je prends aussi note des points positifs que vous avez relevés. Mais prudence est de mise, surtout si vous le comparez à Dostoïevski dans ce qu'il a de plus "plombant" ! Je me souviens de Crime et Châtiment (le seul Dostoïevski que j'ai lu, et j'ai dû m'y prendre à deux reprises), c'est une lecture dont on ne ressort pas indemne, mais il faut du temps pour parvenir à apprivoiser la réalité noire et gluante qu'il dépeint (autant dire qu'il faut avoir un moral d'acier pour ça), et puis, oui, ces longs dialogues assommants et hallucinés qui semblent de prime abord ne mener nulle part pour finalement révéler tout leur sens plus tard, bien plus tard... Vient sans doute un moment dans la vie où l'on n'a plus guère envie de se prendre la tête avec de la névrose déroulée sur des pages et des pages...

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    1. Ah oui chère Miss Flint, le déconfinement c’est hardcore, et dans mon secteur je vous raconte même pas… Mais bon, je me plains pas.

      Hamsun est le type même de l’individualiste anarchiste de droite, dans la lignée de Céline (en moins ordurier) et de Bukowski (en moins drôle). Bukowski le cite comme un de ses auteurs préférés. Après je n’ai lu que ses premiers romans. L’Éveil de la glèbe est très connu, il faudra que je le lise à l’occasion. En gros c’était un misanthrope auquel seuls la nature et les forêts pouvaient apporter la paix. Si ce programme vous plaît, alors n’hésitez pas. Je vous conseillerais Pan (que j’ai chroniqué sur ce site, vous pouvez chercher), c’est court, élégant, très bien écrit, assez poétique, j’ai adoré, je l’ai lu deux fois. Mais, encore une fois, il faut souscrire au programme décrit ci-dessus. Dostoïevski je suis en plein dedans depuis deux ans, je lis tout, je n’arrête pas. Chez lui le désespoir est toujours éclairé par, il faut le dire, la foi. Je crois qu’il faut être familier avec la Bible pour l’apprécier, il se situe clairement dans un environnement biblique, évangélique, donc si ce n’est pas votre trip effectivement ça peut sembler un peu « noir et gluant ».

      Je ne saurais trop quoi vous conseiller. Si vous avez le temps, vous pouvez regarder des vidéos de cette chaîne Youtube, Antastesia est assez éclectique, elle a une vraie sensibilité, elle s’exprime très bien, quoiqu’elle ne me semble pas très équilibrée (mais qui l’est de nos jours ?).

      Bon courage à vous chère Miss Flint, keep struggling in this goddamn world !

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