
Je discutais l’autre jour avec un ami protestant.
« J’aime beaucoup lire la Bible, lui dis-je. Mais enfin, il faut reconnaître que ce sont là des histoires qui appartiennent au passé, à un Orient mythique et fabuleux. Tout cela n’a pas grand-chose à voir avec notre vie quotidienne, et il me semble que vous autres protestants vous attachez trop d’importance à la lettre de ces vieux textes. C’est là le ferment du fondamentalisme et de l’intégrisme. »
Mon ami garda un moment le silence, puis :
« Je ne suis pas d’accord avec toi, me dit-il. Tu aurais tort de penser que ce ne sont là que de vieilles histoires périmées, et qu’il est impossible de mener une vie biblique de nos jours. Je vais te citer un exemple qui n’est pas si ancien, puisqu’il remonte au dix-neuvième siècle. Il s’agit de la vie de Brigham Young, le premier successeur de Joseph Smith à la tête de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (mormonisme).
« Brigham Young est né en 1801, dans le Vermont. Il menait une vie laborieuse avec son épouse et ses enfants, lorsqu’il découvrit le Livre de Mormon, en 1830, juste après sa publication. Après un certain temps d’hésitation, il finit par se convertir et par rejoindre Joseph Smith. Il exerça dès lors une activité missionnaire et devint membre du premier collège des douze apôtres. Après la mort tragique de Joseph Smith en 1844 dans l’Illinois, il devint le second président de l’Église, et, pour échapper aux persécutions, tel un nouveau Moïse, il s’engagea sur les routes de l’exode avec ses fidèles. Équipés de chariots à bœufs et de charrettes à bras, les pionniers traversèrent les plaines gelées du Midwest et finirent par arriver face à un immense lac salé, le 24 juillet 1847. Ils donnèrent à cet endroit le nom de Salt Lake City.
« Pendant plus de trois décennies, il fut le pasteur de son Église et le gouverneur du territoire de l’Utah. À ce titre, comme un nouveau David, il fut chef de guerre lors du conflit de l’Utah, en 1857.
« Comme Salomon en son temps, il fut à l’origine de la construction du grand temple de Salt Lake, qui ne fut achevé qu’après sa mort.
« À l’image des patriarches bibliques, il pratiqua le mariage plural, il eut cinquante-six épouses, et cinquante-neuf enfants de seize d’entre elles. C’est moins que Salomon et ses sept cents épouses, mais sans doute plus que David.
« À sa mort, il était l’homme le plus riche de l’Utah, et un chef respecté sur les plans politique et religieux. Il s’éteignit en 1877, rassasié de jours et dans la crainte du Seigneur. Il a aujourd’hui sa statue au Capitole, à Washington.
« Comme tu le vois, Brigham Young a mené une vie authentiquement biblique. Il s’est converti, il a conduit ses hommes sur les chemins de l’exode, il a été prophète et législateur, il a fondé une dynastie, il a laissé des oracles.
« Si Brigham Young avait été socialiste et athée, aurait-il pu, dis-moi, accomplir tout cela ? Il aurait été, au mieux, professeur dans le Vermont, ou théoricien révolutionnaire. Le paradigme biblique est le seul, strictement, qui était en mesure de lui permettre d’accomplir de si grandes choses. Je te prie donc de montrer un peu plus de respect à l’égard de ce que tu appelles ces « vieilles fables de l’Orient ». Comme le dit l’Écriture : « La crainte du Seigneur prolonge les jours. Par la bénédiction des hommes droits s’élève une ville. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire