24 novembre 2012

La Faim

      Lu La Faim, de Knut Hamsun. Livre assez extraordinaire, qui n’a pas du tout vieilli. Très grande acuité psychologique dans la peinture d’une conscience constamment sur la brèche, confrontée à la misère la plus absolue. Le narrateur passe à chaque instant de la rage à l’exaltation, et l’événement le plus minime retentit dans son âme aux abois comme le crissement douloureux d’une craie sur un tableau noir. Et ce qui est le plus remarquable, c’est que, plongé dans l’abîme, le narrateur est sans cesse traversé par de grands élans de magnanimité et de désintéressement. Cela m’a fait penser à un autre roman très marquant sur la solitude urbaine et le présent perpétuel : Un Homme qui dort, de Georges Perec. Et pourtant, et pourtant… lecture assez rebutante parfois, ennuyeuse par moments, en raison de son sujet même : une errance sur trois cents pages, sans fil conducteur, une succession d’épisodes insignifiants, le long monologue d’un être en proie à la souffrance et au désarroi.

3 commentaires:

  1. Vous me donnez faim de lire ce livre, cher Laconique ! D'autant plus que j'ai pas mal tourné autour et que c'est un livre culte qui m'intrigue et dont je sens que les thèmes abordés ne peuvent que me parler !

    La description aux mots si justes que vous en faites me conforte dans cette idée, car vous comme moi sommes un peu aussi des "consciences constamment sur la brèche", capables de "magnanimité et de désintéressement"...

    A bientôt.

    RépondreSupprimer
  2. Vous pouvez vous attaquer à "La Faim" en toute confiance, cher Marginal, c’est de la bonne littérature authentique comme on l’aime ! Ca part un peu dans tous les sens, c’est quand même moins jubilatoire que du Bukowski, mais c’est rempli de notations extrêmement fines et souvent surprenantes, et on sent que l’auteur a vraiment mis ses tripes dans son œuvre. La difficulté du livre, vous l’avez d’ailleurs sans doute pressenti en « tournant autour », c’est qu’il n’y a pas de respiration, c’est parfois assez indigeste, un comble pour un livre qui traite de la faim !

    RépondreSupprimer
  3. Vous visez juste, cher Laconique : c'est exactement c'est aspect "indigeste", d'un bloc, qui m'a rebuté. J'avais peur que ça me reste sur l'estomac et surtout sur la pensée...

    RépondreSupprimer