11 février 2013

La Constance du sage

      Lu La Constance du sage, de Sénèque. Ce n’est certes pas par ses qualités de composition que Sénèque se distingue. Ses démonstrations manquent de rigueur, les arguments et les exemples se succèdent au fil de la plume sans réelle progression logique. Pourtant Sénèque est un vrai philosophe, c’est indéniable. Son style vigoureux, compact, fait de sentences frappées de façon mâle et résolue, reflète une authentique âme philosophique, maîtresse d’elle-même et ne plaçant rien au-dessus de sa propre autonomie.

3 commentaires:

  1. Aaaah, du Laconique comme je l'aime : laconique justement !!! Et ça faisait longtemps que vous ne nous aviez pas gratifiés d'un compte rendu de lecture, cher Laconique...

    J'ai lu plusieurs ouvrages de Sénèque et je ne me souviens plus précisément de celui que vous évoquez, certainement pour les raisons que vous mentionnez, c'est à dire le manque de rigueur dans la construction et dans la conduite de la démonstration.
    En effet, j'ai tendance à mélanger toutes les lectures que j'ai faites de lui, et elles se fondent dans mon esprit en une seule et compacte pensée globale.
    Ce que je retiens particulièrement en revanche de Sénèque c'est l'impression agréable qu'il m'a procurée à chaque fois et la justesse de ce qu'il écrit, en prise directe avec la vie. Quel plaisir de lire un philosophe facile d'accès et qui ne se perd pas en digressions théoriques oiseuses dont on se branle comme de la première pipe qu'un éphèbe a pratiquée sur le membre sage de Platon ! Et encore, ce n'est pas un bon exemple, car on aimerait bien an savoir plus à ce sujet...

    Bref, en tout cas, comme vous le dites, cher Laconique, il y a de la noblesse dans ces écrits, une dignité empreinte d'ascétisme, comme dans tous ceux des stoïciens !

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  2. Vous me faites rire, cher Marginal ! Vous avez un sens de la comparaison qui fait mouche à chaque fois ! Je devrais vous censurer pour votre conception exagérée de la liberté d’expression, mais vous êtes trop brillant pour que je prive mes lecteurs de vos avis éclairés, et une nature décapante comme la vôtre est précieuse dans ce monde aseptisé…

    En fait j’essaie toujours d’être assez bref, mais sur certains sujets je me laisse emporter par l’ampleur de ma propre réflexion. Il est difficile de brider son génie, ce n’est pas à vous que je vais l’apprendre ! Pour en revenir à Sénèque, je n’ai lu qu’un ouvrage de lui pour l’instant, mais je rejoins complètement votre point de vue : il est en effet très agréable à lire, vivant, fourmillant de détails concrets et d’observations judicieuses. Je le trouve aussi très sentencieux, mais ça ne me gêne pas quand les sentences en question renvoient à un idéal « noble et digne », comme vous l’avez fort bien dit. Je vous trouve en revanche un peu sévère à l’égard des « digressions théoriques oiseuses dont on se fiche comme du premier émoi amoureux de Platon » (vous remarquez que j’atténue un peu vos propos pour ne pas froisser une nouvelle fois les oreilles délicates). C’est vrai que Platon abuse souvent dans ce domaine, et j’ai passé bien des heures à suer sur des développements complètement abscons issus de son imagination (du genre « le mouvement participe-t-il de l’être ou du non-être ? du semblable ou du différent ? »), mais il y a une certaine grandeur dans une telle ténacité à épuiser des subtilités purement métaphysiques. Et si Platon était aussi endurant dans les activités que vous mentionnez qu’il l’était en matière de dialectique, je plains les éphèbes qu’il croisait !

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  3. Oh plus endurant, cher Laconique, j'en suis sûr !

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