30 novembre 2016

L'heure la plus sombre

       The darkest hour is before the dawn.

       Nelson Mandela

      Et voilà. Nous y sommes. L’ordre inévitable se met en place, les événements prédestinés s’accomplissent. Je te salue, infaillible Providence, toi qui exécutes tes décrets avec une fidélité et une ponctualité sans faille. Que ma vie soit consacrée à me rendre digne de ton effrayante justice !
       Une page de l’histoire de notre pays se tourne. Celui que l’on ne doit pas nommer, après avoir obnubilé vainement depuis quinze ans l’opinion par son agitation névrotique, quitte la scène. Les années qui viennent seront celles de la mise en lumière de l’effroyable vérité le concernant. En dépit de tous ses défauts, il y avait chez lui une soif de l’autre, un goût de la rencontre et de l’échange, de la confrontation parfois, qui ne pouvaient laisser indifférent. Nous lui souhaitons de trouver l’apaisement dans sa nouvelle vie et dans les prochaines épreuves qui l’attendent. Le plus grand coupable dans cette affaire, c’est avant tout le peuple français qui, par son aveuglement insensé, a permis d’écrire la page la plus honteuse de notre histoire contemporaine.
       Et maintenant, nous entrons dans une zone d’incertitudes. Les représentants du pouvoir sont discrédités par leur médiocrité et leur mesquinerie. En face, l’on ne trouve que des opposants étriqués et rances, dépourvus de relief et de panache. Où que le regard se porte, l’on n’aperçoit que ténèbres et impuissance, ambitions personnelles et luttes d’egos. Aucune issue ne semble se dégager. C’est l’heure la plus sombre.
      Pourtant, tout n’est pas perdu. Dans quelques jours, dans quelques heures, une lueur va s’allumer. Un homme va se déclarer, et entamer son chemin. Je ne connais pas son nom. Il viendra d’une petite ville des Pyrénées. Il commencera son parcours dans l’indifférence. Puis il se fera écouter. Il s’imposera. Il gouvernera. Lecteur, reviens ici dans six mois et juge-moi sur mes paroles.

13 commentaires:

  1. Ah là là, cher Laconique, vous êtes incorrigible, il faut toujours que vous vous mêliez de politique ! Vos innombrables lecteurs, vu que vous êtes brillant, acceptent ce travers, avec un sourire en coin amusé et indulgent, et lisent certainement votre nouvel article en se disant comme votre dévoué Marginal : "il fallait s'y attendre, ça faisait longtemps que le puissant Laconique n'était pas revenu à ses obsessions pour "Celui que l’on ne doit pas nommer" et ce prétendu sauveur venu "d’une petite ville des Pyrénées" !" D'ailleurs, la ville de ce type qui "va se déclarer", ne serait-ce pas Pau, cher Laconique ? Allez, on connaît la chanson merde, allez-y franco...

    En tout cas, s'il y a un point sur lequel je vous rejoins, c'est que nous expérimentons le grand merdier, "l’heure la plus sombre", sans aucune issue. Au fil du temps les portes de sortie, empruntées sans succès les unes à la suite des autres nous obligent à passer par n'importe quel trou inconfortable pour essayer de nous en sortir. Et, malheureusement, ce genre de trou-là n'a pas de poils autour comme d'autres...

    Sinon, dans six mois, je serai là, pas d'inquiétude, cher Laconique, mais pour vérifier une tout autre vérité : l'heure n'est jamais aussi sombre qu'on le croit et la déchéance jamais tout à fait complète.

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  2. Ah ! là là cher Marginal, je vous remercie pour votre venue, je dirais presque votre dévouement, tant je sais que, tel l’albatros, vous vous mouvez bien au-dessus de ces contingences prosaïques. Que voulez-vous, le calendrier se précipite, comme vous le dites il fallait bien que ça sorte. Mais je vous promets une chose : je n’abuserai pas pour les prochaines échéances électorales, j’ai de toute façon (vous me le rappelez suffisamment) dit tout ce que j’avais à dire sur le sujet, je reviendrai seulement en rajouter une petite couche de temps en temps en cas d’oubli. Et j’essaierai de le faire comme vous l’avez fait dans votre dernier poème Guevara, en alliant concision, simplicité et sincérité.

    C’est d’ailleurs pour cela que je répugne à citer les noms. Les premières années je balançais tout sans fard, mais peut-être à votre contact j’ai essayé de tendre vers plus de lyrisme et d’élégance. A quoi bon écrire comme tout le monde ? Plus le sujet est prosaïque, plus il faut tenter de l’élever par la forme. En tout cas, il est fort possible que vous n’ayez pas tort concernant la ville d’origine de celui auquel je me réfère si souvent.

    Bon, vous êtes quand même arrivé à placer une analogie entre l’impasse actuelle et un orifice auquel vous faites régulièrement mention. Vous y allez d’ailleurs de plus en plus franco pour le coup, je me demande ce que ce sera la prochaine étape : une vaginoscopie ou une coloscopie peut-être ? Mais il n’y a pas de désaccord entre nous : la déchéance prendra effectivement fin dans six mois, et même avant, le 7 mai 2017 exactement. Et je compte sur votre présence ici ce jour-là, car si tout se passe comme prévu ce sera la dernière fois que je parlerai de politique !

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  3. Je vous tire mon chapeau, cher Laconique ! Vous parvenez avec brio à mettre du lyrisme dans un sujet prosaïque : la vie politique française. Vous réussissez là où tout le monde échouerait sans aucun doute, et par conséquent, c'est une lecture peu banale que vous nous proposez.
    En tout cas, l'heure est bien trop grave pour que je ne puisse plus m'intéresser à la vie politique française, aussi corrompue soit-elle par son côté "people" (l'évolution de notre société et les médias y sont pour beaucoup bien sûr) et ses guerres picrocholines. Sans compter le manque total de charisme, de culture et de spiritualité de bon nombre d'hommes politiques actuellement qui, en plus, ne possèdent ni maîtrise de soi, ni talent oratoire (hommes politiques qui par ailleurs n'ont plus rien d'hommes d'Etat, faut-il le préciser).
    Pour autant, la politique, prise au sens initial de ce qui touche aux "affaires de la cité" est un sujet ô combien noble et fondamental, qui nous concerne tous. Ainsi, je crois que tout est politique. Discuter de sa façon de voir le monde, de se situer dans la société, par exemple, c'est faire de la politique. Et donc, il m'est avis que la professionnalisation de l'institution politique est néfaste à tout un chacun même si bien sûr, l'on ne peut pas se lancer en politique sans avoir un minimum de connaissances en économie, en histoire et sur le fonctionnement des institutions, etc.

    Quoiqu'il en soit, je vous ai assez lu pour savoir à qui vous faites référence mais pour ma part, je crois que vous vous fourvoyez. Combien de Français se plaignent des deux principaux partis du pays, l'un de gauche et l'autre de droite, et continuent de voter massivement pour eux, entraînant inéluctablement, tous les cinq ans, l'alternance de ces deux partis dans l'exercice du pouvoir ? L'offre politique est pourtant plus large que ça : combien de petits partis (peu importe leur ancrage idéologique) attendent sans cesse de faire leurs preuves, mais en sont empêchés par des scores lamentables ? M'enfin, il reste que le régime des partis est une véritable saloperie idéologique, et que le changement que nous voulons tous ou presque n'advient jamais, à cause de la peur qu'éprouve une grande partie de nos concitoyens à sortir des sentiers battus.

    Tout cela pour dire que je ne crois pas un seul instant à l'accession au pouvoir de votre favori dans les prochains mois. Hélas pour lui (et pour vous), il est encore au pied de la montagne...

    Bon, je cesse là, car je vois notre Marginal en train de dépérir et de sombrer au fond du trou.

    Tout de même, quelle que soit l'issue des élections, on espère bien que vous nous paierez un coup, Laconique ! Je dis ça, je dis rien, c'est simplement que l'on vous attend au tournant.

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  4. Eh oui, vous avez bien raison, chère Savannah Flint, le personnel politique de notre époque est atterrant : ni « charisme », ni « culture », ni « spiritualité », c’est tout-à-fait ça. Et on dirait que plus ils sont mauvais, plus on les voit à la télé. Quand j’étais jeune, il me semble qu’on les voyait moins, il y avait des acteurs, des chanteurs, des écrivains. Et depuis quelques années on ne voit qu’eux… C’est vraiment une époque glauque, on passe notre jeunesse dans un beau merdier. Quand je pense que j’avais 25 ans en 2007, que vous n’étiez pas majeure alors… Et que s’est-il passé depuis ? Rien, de l’agitation, des épisodes déshonorants et dégradants. Et la jeunesse qui passe, et la vie qui file. Quelle honte ! Et tout le monde était content en 2007, et puis après en 2012, j’étais très isolé dans mon scepticisme au milieu de la liesse générale. Bref, passons…

    Il y a un problème avec la politique en tout cas, c’est sûr. Je ne sais pas ce qu’il faudrait changer, mais je suis d’accord avec vous, c’est au niveau des citoyens que ça se joue. Déjà si tout le monde s’intéressait sérieusement à la portée et à la crédibilité des programmes au lieu de voter pour celui qui vendra le plus de rêve, ce serait un grand pas en avant à mon avis.

    Vous savez, la politique est un sujet très clivant, chacun a ses certitudes, j’évite généralement d’entrer dans les détails à ce propos. Mais à vous lire, je me demande si vous avez bien saisi à qui je faisais référence. Vous remettez en cause (fort légitimement) les partis, vous vous plaignez de l’alternance sempiternelle droite-gauche droite-gauche, et puis vous en concluez : « Tout cela pour dire que je ne crois pas un seul instant à l'accession au pouvoir de votre favori dans les prochains mois. » Mais s’il y a un homme qui a lutté pour dépasser le clivage droite-gauche, un homme qui se situe hors des deux grands partis (PS/Républicains), c’est bien celui à qui je pense. Après, vous avez le droit de ne pas voir les choses comme moi, de ne pas l’apprécier, c’est tout à fait normal.

    D’ailleurs, il n’est pas le seul à qui je prophétise un grand avenir, il y a une femme aussi, dont on reparlera beaucoup bientôt, vous trouverez qui c’est en fouillant les archives de ce blog. Ce sont les deux seuls personnages qui m’intéressent, et qui ont un peu de consistance dans ce théâtre politique. Mais j’essaie de traiter ça avec humour et de façon décalée, j’aime bien défendre les causes qui semblent désespérées. Et c’est à vous et au Marginal de me payer le champagne en mai si j’ai raison, pas le contraire !

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    1. Personne ne sabrera le champagne en mai, on est tranquille sur ce point.

      Les heures sont lumineuses actuellement, croyez-moi, attendez juste quelques années pour vous en convaincre et comprendre réellement ce que c'est que la souffrance et le chaos.

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    2. Je vous trouve bien pessimiste, cher Marginal. Les temps changent, mettez un peu d’utopie dans votre vin, car c’est ce en quoi l’on croit qui détermine tout en fin de compte.

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    3. @Laconique

      "il y a une femme aussi."

      Une femme qui laisse un bilan local quelque peu douteux... Et qui n'a aucun scrupule à représenter la France aux obsèques d'un dictateur communiste...(Il n’y a qu’un mot pour qualifier une personnalité apte à faire preuve de moins de lucidité qu’un Onfray ou un Trump… Mais la bienséance m’interdit de le formuler ici).

      Quant à revenir dans 6 mois juger de la "ponctualité des décrets de la Providence", soyez sûr que je n'y manquerais point. Je suis comme Saint Thomas...

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    4. Oui, en l'occurrence cher Laconique, je voyais bien de quel homme vous parliez dans votre billet, idem pour la femme que vous évoquiez dans votre réponse ; j'avais déjà eu l'occasion de voir son nom en parcourant les archives de votre blog, ce qui ne manque pas d'ailleurs de faire réagir M. Razorback :) .

      Cela dit, je ne vois pas en quoi ces deux personnes dépassent et/ou peuvent dépasser le clivage gauche-droite. Mais après, tout cela est subjectif, car il semble que tout un chacun voie et mette ce qu'il veut dans cette notion de l'"au-delà du clivage". Clivage qui est né à l'été 1789 à l'Assemblée constituante, si je ne me trompe pas... De fait, nous pourrions tout aussi bien nous demander si cette partition n'est pas devenue franchement anachronique, mais ce n'est pas à moi d'en juger, et c'est peut-être oiseux et puis de toute façon, on ne peut pas jeter le bébé avec l'eau du bain.

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    5. Eh bien, cher Johnathan Razorback, voilà ce qui arrive quand on parle de politique, la paix ne règne pas longtemps… Vous êtes un esprit pugnace et affuté, je ne suis pas surpris que votre vigilance soit en alerte, et c’est tout à votre honneur. Je ne vais pas transformer cet espace en lieu de joutes politiques, mais je vais être très clair : j’ai toujours défendu Ségolène Royal et je la défendrai toujours. Dans la médiocrité et la lâcheté générale dans laquelle nous baignons, c’est une des rares personnalités à incarner le courage, la droiture et une parole complètement libre. Si ma vie dépendait d’un responsable politique, si je devais choisir quelqu’un à je devrais me fier sans réserve, c’est elle que je choisirais. L’audit auquel vous faites référence est très contestable (par contre on ne vous a pas vu vous émouvoir du bilan de François Fillon en matière de dette : 465 milliards de plus en cinq ans). Ses propos sur Cuba ou sur la justice chinoise sont contestables, mais c’est toujours la même chose dans de tels cas : on s’enflamme sur des propos, sans regarder la réalité de l’action. Or sur le plan concret, comme sur le plan moral (et non sur le plan mythologique sur lequel vous êtes si pointilleux), Ségolène est irréprochable. On peut se moquer d’elle, on peut la détester, mais elle est toujours là, et son rôle est loin d’être fini dans notre histoire. Il y a beaucoup de choses que j’ignore, mais il y a une chose qui compte plus que tout à mes yeux, et sur laquelle je me trompe rarement : savoir à qui je peux me fier. Depuis plus de six ans sur ce blog (plus de dix dans la vie réelle), j’ai porté ma confiance sur deux personnalités politiques, et je ne changerais pas une virgule à ce que j’ai écrit à ce sujet. Je crois qu’il n’y en a pas beaucoup qui pourraient en dire autant.

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    6. Ah là là chère miss Flint, on ne va pas couper les cheveux en quatre, tout cela peut vite devenir très oiseux en effet. Mais quand même, Bayrou (puisque c’est de lui qu’il s’agit) a débuté sa carrière à droite, il a voté blanc en 2007, il a appelé à voter contre le président sortant de droite en 2012. Son parti, le Modem, a travaillé à la fois avec la droite et la gauche. Pour les gens de droite il est de gauche, pour les gens de gauche il est de droite. Je ne vois pas ce qu’on pourrait faire de plus pour dépasser le clivage gauche-droite… Mais on s’enfonce là dans la politique politicienne. Je crois qu’en fait, quand vous appelez à dépasser « le régime des partis », c’est toute notre démocratie que vous visez. Peut-être éprouvez-vous des réserves en ce qui concerne la démocratie en général, et vous avez le droit. Sur un plan philosophique, la démocratie est condamnée à la fois par Platon et par toutes les grandes traditions spirituelles. Je n’en fais pas un absolu. Mais il est toujours délicat de faire coïncider les vérités spirituelles et philosophiques avec le concret…

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    7. @Laconique

      "voilà ce qui arrive quand on parle de politique, la paix ne règne pas longtemps."

      En ce qui me concerne je pense plutôt que l'absence de paix tient à l'existence en société elle-même, et que la parole, le dialogue, la délibération démocratique, est ce par quoi une certaine unité (toujours temporaire, toujours faillible), peut être conquise.

      "On s’enflamme sur des propos, sans regarder la réalité de l’action."

      Je ne comprends ce qui vous permet d'établir une telle scission. Un homme politique est un producteur de biens symboliques tout autant qu'un exécutant, la parole est une action à part entière. Dès lors on peut parfaitement juger aussi un politicien sur ses paroles. Et celles de Mme Royal confinent au négationnisme.

      "On ne vous a pas vu vous émouvoir du bilan de François Fillon en matière de dette."

      Je sais que j'ai un parcours et un positionnement politique particulièrement atypique, mais il est erroné de me classer à droite. Je ne soutiens pas M. Fillon, je n'ai pas voté pour lui et je ne compte pas le faire. Si je n'ai pas critiqué son bilan, ça tient surtout au fait que Sarkozy était jusqu'ici celui à qui il était stratégiquement pertinent d'en faire reproche... Je vous rassure, j'aurais l'occasion de juger sans complaisances de l'action de M. Fillon dès son élection...

      "Il y a une chose qui compte plus que tout à mes yeux, et sur laquelle je me trompe rarement : savoir à qui je peux me fier."

      Hé bien je vais vous faire un aveu: je vous envie votre foi, et pas seulement politique. Moi je peine à savoir à qui me fier, je ne suis pas sorti de ce scepticisme du savant dont parle Pascal...

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  5. Oui, à qui se fier. Surtout pas à cette Royal qui ne m'inspire que du négatif et de l'antipathie. Peut-être Bayrou, mais avec prudence. La confiance n'est plus d'actualité. Quant à l'actuel et au précédent, vite qu'ils dégagent de la scène politique. Et comme Razorback, j'admire et envie votre foi. Puissiez-vous avoir raison.

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    1. Eh bien on dirait que mon amie Ségolène ne fait pas recette… Mais c’est pour ça que c’est amusant de parler de politique, ça ne laisse pas indifférent. En tout cas vous avez raison, je ne sais pas comment seront les dix prochaines années, mais ça va être dur de faire pire que celles qui viennent de s’écouler !

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