8 mars 2019

André Gide : L'Immoraliste



Relu L’Immoraliste de Gide, qui m’a causé une drôle d’impression. Livre étrange, où l’auteur effleure sans cesse le thème de la pédérastie sans jamais l’aborder de front. Personnalité très complexe de Gide, qui se plaisait dans le non-dit, le clair-obscur, la double vie, etc. Tout cela lui a éclaté en pleine figure un jour de l’automne 1918, lorsque Madeleine a découvert sa liaison avec Marc Allégret et a brûlé toutes ses lettres de jeunesse.
Attirance constante chez Gide, dans toute son œuvre (dans Les Faux-Monnayeurs aussi), pour les petits délinquants, les petits méfaits gratuits comme le vol, le mensonge, etc. Mauriac et Claudel ne s’y étaient pas trompés, il y a chez Gide un côté vraiment luciférien, l’attirance du Mal pour le Mal, en pleine connaissance de cause, sans excuse ni prétexte. En cela, on peut le rapprocher de Baudelaire, qu’il appréciait tant.
« Faire de sa vie une œuvre d’art. » Je crois que c’est là la définition du dandy, et en cela il y avait du dandy chez Gide. Il ne s’est jamais pleinement engagé dans le monde, il est toujours resté un peu à l’écart, dans une posture de biais, ne s’attachant qu’à affiner et développer les multiples replis de sa riche personnalité (l’onanisme comme posture existentielle). C’est sans doute la raison pour laquelle on parle moins de lui que de Sartre ou de Camus : il est passé un peu à côté de son époque, volontairement. Esthétisme foncier de sa nature, qu’il faut faire remonter à Mallarmé, au symbolisme, à Baudelaire, etc.
Je ne placerais pas L’Immoraliste parmi ses ouvrages que je préfère. Le trait n’est pas aussi net que dans ses meilleurs livres. Je préfère Paludes, Thésée, Les Nourritures terrestres bien sûr, même La Porte étroite.

2 commentaires:

  1. Hum... Vous êtes innocent, cher Laconique : comment envisager "la pédérastie" autrement que "sans jamais l’aborder de front" ? Gide ne se présentait jamais au grand portail devant la maison, mais passait toujours par la petite porte de derrière lorsqu'il visitait de jeunes mâles.

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  2. Ah là là, vous ne l’épargnez pas ce Gide, cher Marginal, vous saisissez la perche à chaque fois… Eh oui, Gide aimait bien défoncer des culs à peine post-pubères, mais c’était aussi un être extrêmement cultivé, qui aimait Virgile et La Fontaine, et qui possède un des styles les plus purs de notre littérature, et ça vous ne le dites pas assez, cher ami !

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