19 juillet 2019

André Gide : Corydon



Lu Corydon, d’André Gide, avec beaucoup d’intérêt. Cela faisait longtemps que je voulais le lire. Toute la partie biologique me semble très renseignée et très pertinente. Gide voit dans la nature mâle une « surabondance de matière procréatrice », « plus de semence, infiniment plus de semence que de champ à ensemencer », ce qui explique à la fois la sublimation d’ordre artistique et ce qu’il appelle « l’uranisme ». Et pourtant Gide ne s’enferme pas dans un biologisme étroit, selon lui l’individu ne cherche pas tant la perpétuation de l’espèce (thèse de Schopenhauer) que la volupté, tout simplement, et par tous les moyens, ce qui explique là encore l’uranisme.
L’exposé de Gide est très clair, mais on sent que l’essai n’est pas son genre de prédilection. Il est poète avant tout, et considère avant tout le langage sous sa dimension poétique, littéraire, esthétique. D’où certaines préciosités parfois, une tendance à l’ellipse, à la concision, le contraire de ce style dense et remâché qui caractérise les penseurs et philosophes de profession.
La seconde partie est tout aussi intéressante que la première. Gide soutient que les époques de plus grand rayonnement artistique et intellectuel sont précisément celles où l’homosexualité s’est le plus librement manifestée : l’Antiquité grecque, la Renaissance italienne, l’époque élisabéthaine, etc. Au contraire, l’« exaltation de la femme » est un « indice de décadence ». Ici encore, je ne peux m’empêcher de partager l’avis de Gide. La vulgarité n’est jamais loin chez la femme, et elle est même souvent proportionnelle à la distinction de la forme. La femme nous entraîne vers le monde naturel, pulsionnel, foncièrement inharmonique, et cela n’a rien à voir avec les trésors de raffinement et d’intelligence que peuvent mettre au jour des hommes habités par l’idéal humain qui se dégage d’un amour masculin (Platon, Michel-Ange, etc.). D’ailleurs, cela explique beaucoup de choses quant à notre époque : le cinéma est l’art hégémonique, or la femme est souveraine au cinéma, d’où le prosaïsme et l’amertume profonde de notre temps, l’oubli foncier de l’art que nous connaissons. Ce n’est pas un hasard non plus, sans doute, si notre président actuel – homosexuel notoire – est le meilleur président que nous ayons eu depuis des années : la nature de ses inclinations explique la dignité et le sérieux qui émanent de lui, en comparaison des comportements d’adolescents attardés de ses prédécesseurs, fascinés par la biologie féminine. – Et pourtant, tous les trésors artistiques que les hommes sont à même de produire ne valent pas une seule vie, et c’est la femme qui donne la vie !

4 commentaires:

  1. Ah là là, cher Laconique, ce qu'il faut pas lire ! Un éloge de l'homosexualité maintenant : vous nous aurez tout fait.

    Allez visiter quelques sites de porno gay, cher Laconique, vous me direz ensuite si vous sentez "l’idéal humain qui se dégage d’un amour masculin". Faites donc quelques recherches de vidéos concernant le fist fucking, vous me donnerez après des nouvelles de l'"indice de décadence"...

    Gide prêche pour sa paroisse évidemment, mais rien n'est plus salace que la débauche gay.

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  2. Au moins vous avez un avis tranché, cher Marginal. Et vous ne craignez pas d’être taxé d’homophobe…

    Je sais que vous n’en doutez pas, mais je suis loin d’être un expert en homosexualité. C’est un sujet que je connais mal. Un ami autrefois m’a envoyé des vidéos des pratiques dont vous me parlez, soucieux sans doute d’élargir mon esprit, et c’est vrai que j’ai rarement eu l’occasion de voir des pratiques aussi déstabilisantes pour un esprit non prévenu. Mais je comprends le point de vue de Gide, ce n’est pas une pose de ma part, vraiment pas. J’ai vu l’effet du couple hétérosexuel autour de moi. C’est la fin de l’amitié, le couple se referme sur lui-même, protège ses prérogatives, ses secrets, il n’y a plus de transparence, plus de partage, plus de création. Il me semble (mais peut-être que je me trompe) que l’amour homosexuel, stérile par nature, est plus porté à la découverte, aux échanges vers l’extérieur, aux voyages, etc. Là aussi je connais des gens, ce ne sont pas des paroles en l’air.

    Par ailleurs, le livre de Gide date des années 20. L’homosexualité était clandestine alors, ce qui change tout, et n’a pas grand-chose à voir avec l’homosexualité revendicative de notre époque.

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    1. L'époque n'est pas la même ça c'est sûr... Puis je tiens à rajouter que votre raisonnement est fallacieux : Vous faites d'une poignée d'exceptions une généralité. Mais les plus grands génies sont-ils gays ? Kubrick, Hugo se régalaient-ils en anus masculins ? Pas que je sache en tout cas. L'hétérosexualité a fourni plus de chefs-d'œuvre que l'homosexualité... Et vous ne me ferez jamais avaler, si je peux m'exprimer ainsi, que des mecs qui se farfouillent mutuellement le trou de balle sont tout à fait sains.

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    2. Ma foi, cher Marginal, j’ai mon opinion, mais pour ce qui est « sain », Gide va radicalement à l’encontre de ce que vous dites. Il écrit, je cite textuellement : « Je crois, excusez mon audace, l’homosexualité dans l’un et l’autre sexe, plus spontanée, plus naïve que l’hétérosexualité. » Selon lui, l’homosexualité existe dans la nature, chez les animaux, de manière très fréquente. Il observe que, hors des périodes de rut, les mâles ne sont pas du tout attirés par les femelles, que celles-ci doivent libérer un suc appétent pour les attirer, et encore que cet artifice ne suffit pas toujours. Il raconte une scène dont il a été témoin dans la rue : plusieurs chiens regroupés autour d’un couple en pleine action. L’un des mâles s’approche : « Je gage que je fus le seul à remarquer ceci : c’est le mâle, et le mâle seul, que le chien voulait chevaucher ; il laissait délibérément de côté la femelle. »

      Personnellement, j’éprouve la même perplexité que vous face à l’attrait pour les « anus masculins ». Mais le phénomène existe, depuis la nuit des temps. Et l’hétérosexualité produit son lot de beaufs et de considérations vraiment mesquines, je le maintiens, rien de tel pour couper l’aspiration aux choses élevées.

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