19 février 2016

L'acte et sa représentation

       La portée morale d’un acte ne se situe pas dans sa réalisation, mais dans sa représentation. Lorsque je fais monter une prostituée dans ma voiture dans GTA V, lorsque je vais chasser l’élan ou que je m’enivre dans Red Dead Redemption, y a-t-il une différence intrinsèque entre ces actions virtuelles et leurs équivalents concrets ? Si je me place au point de vue de mon expérience interne, le seul valide en fin de compte, force est de reconnaître que non. Il n’y a pas de différence ontologique entre un acte et sa représentation. Ma conscience adopte un certain rapport envers certains objets, et tant que l’on se maintient sur le plan de la conscience, il est impossible d’établir une distinction entre objet réel, image, imagination, etc. Le contenu de la conscience, dans tous ces cas, reste le même, indépendamment du degré de réalité de l’objet.
        Dès lors, les conséquences morales de l’acte, ses bénéfices ou sa nocivité, seront logiquement les mêmes. C’est d’ailleurs là une vérité admise par toutes les anciennes sagesses, et exprimée dans les célèbres paroles évangéliques : « Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l’adultère avec elle » (Mt 5, 28), ou encore : « Quiconque hait son frère est un homicide » (1 Jn 3, 15). En effet, il n’y a pas de différence ontologique entre un acte et sa représentation.
        Quel sera, dans ces conditions, le devoir du sujet pensant ? Son devoir sera de générer des représentations moralement estimables. On voit ici toute l’hypocrisie schizophrène de notre société, ultra répressive sur le plan des mœurs et des lois, complètement désinhibée dans les représentations et les divertissements qu’elle propose. Le temps viendra donc fatalement où il ne s’agira plus seulement de modifier les comportements, mais la conscience même des individus, car c’est là que le salut se joue.

10 commentaires:

  1. Je suis obligé de m'inscrire en faux contre la thèse que vous défendez ici, Laconique. Il y a une différence ontologique entre l'acte et sa représentation. On le soupçonne immédiatement sous l'angle de la différence d'intensité: il y a bien de la différence entre être embrassé et le désir de l'être, ou entre imaginer la souffrance de l'amputation et la ressentir réellement. Mais la différence n'est pas simplement une variation de degré d'intensité, c'est une différence métaphysique: dans un cas, quelque chose se produit, dans l'autre non. Autrement dit, c'est la différence entre le rêve et la réalité, entre ce qui existe et ce qui n'existe pas.

    Du fait de cette distinction ontologique, la loi, dès lors qu'elle est morale, se doit de ne "défendre que les actions nuisibles à la Société" (Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, article 5). Il s'agit bien d'interdire les actes qui violent les droits des individus, et non les représentations mentales que tel ou tel groupe (Etat, religions, partis politiques, lobbys féministes ou antiracistes, etc.), jugent contraires aux "vrais valeurs" (qui ne font pas consensus, pour en dire le moins). C'est ce qui permet la liberté de conscience, à la base des sociétés pluralistes modernes (et que l'actuel Etat d'urgence met en danger). Transposée dans le domaine politique, votre volonté de modifier non seulement les comportements "mais la conscience même des individus" nous mène, comme on veut, à la confession et aux contrôles des consciences de l'ordre chrétien médiéval, ou aux idéologies officielles des mouvements totalitaires du XXème siècle.

    Post-scriptum: je ne suis pas non plus d'accord sur le fait que nos sociétés seraient "ultra répressives sur le plan des mœurs et des lois" (nous n'avons plus la peine de mort ou la pénalisation de l'homosexualité, que je sache), ni qu'elles seraient "complètement désinhibées dans les représentations et les divertissements qu’elles proposent". Je veux bien que l'on dénonce de temps à autre l'abrutissement de la société de consommation, mais il faut avoir le sens de la nuance. Il n'y a sans doute jamais eu autant de gens à se sentir choqués par la corrida, par exemple. Quand à nos "représentations désinhibées"... Croyez-vous que la France d'aujourd'hui serait tout à fait à l'aise dans le fait d'avoir pour président de la République une femme ? Ou un musulman ?

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  2. Ma foi, vous avez répondu avec une clarté et une sûreté qui montrent que vous avez les idées parfaitement nettes sur la question, ce qui ne m’étonne pas de vous, cher Johnathan Razorback ! Je vais essayer de vous répondre brièvement, non pour prouver que vous avez tort, votre position est parfaitement cohérente, mais pour tenter de défendre une vision moins matérialiste des choses.

    - Je ne reçois pas votre argument de l’intensité. Bien au contraire, combien de fois un plaisir escompté ne s’est-il pas révélé décevant, inférieur même à celui que l’on ressentait en se l’imaginant ? Pareillement, certains événements peuvent nous causer beaucoup de souffrances en nous y projetant à l’avance, entraînant des heures de macérations pénibles, alors que l’épreuve elle-même s’avérera en fait presque indolore.

    - Je ne reçois pas plus votre argument de la réalité, valable dans une discussion triviale, indémontrable sur le plan vraiment philosophique. Mais je ne vais pas relancer ici l’immémoriale polémique sur le caractère idéal de toute soi-disant « réalité ». Je fais confiance à votre culture philosophique !

    - Il me semble que vous passez un peu vite sur la dimension morale de mon propos, ce que je conçois très bien de la part d’un amateur de Nietzsche et de Spinoza. Or là je rejoins toute la tradition métaphysique occidentale (pour me limiter à l’occident), le christianisme, Kant, etc. Lorsqu’un homme imagine qu’il trompe sa femme, qu’il tue son patron, etc., il nourrit des pensées coupables dès lors que l’on se place sur un plan moral (ce que l’on peut refuser de faire). Imaginer à longueur de journée que l’on torture son ennemi n’est pas équivalent à s’adonner à la méditation. Les conséquences ne seront donc pas les mêmes. Essayez si vous ne me croyez pas, et vous verrez les répercussions sur votre sommeil, sur votre humeur, et, in fine, sur votre destinée post mortem. C’est cela que j’ai voulu dire, et rien de plus. Entre ce que l’on fait et ce que l’on imagine, il y a donc certes une différence de portée, mais non d’essence, du point de vue de la valeur morale du comportement.

    - J’accepte en revanche totalement l’argument du totalitarisme, en précisant qu’il y avait une pointe d’humour dans mon propos quand je parlais de « modifier les consciences ». Je pensais bien sûr à La République de Platon, texte que vous connaissez bien, et dont la thèse la plus controversée (« il faut contrôler les productions artistiques pour former le peuple à la vertu ») ne me semble pas avoir été réfutée par les tenants de la liberté d’expression.

    - Pas d’accord sur votre post-scriptum. Si je veux assister à des décapitations, à des tortures, à de la pornographie outrancière, il me suffit dans notre société de rentrer dans un cinéma ou de cliquer sur une souris. En revanche si je sors dans la rue et que je murmure une phrase donnée à l’oreille d’une petite fille ou si je touche la jambe de ma voisine dans le métro je peux me retrouver au commissariat pour ça. Il y a donc une contrainte très stricte des comportements (et je m’en félicite) et une permissivité absolue des représentations. Ce qui ne peut pas manquer de créer certains désordres.

    - Enfin ne soyez pas si sûr qu’une femme ne pourrait pas occuper une place éminente dans la République française. L’avenir plus ou moins proche pourrait vous donner tort… ;-)

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    1. Vous m'avez convaincu, cher Laconique, mon argument sur l'intensité était trop faible, ce n'est pas un critère satisfaisant pour distinguer réalité et représentation (même si je maintiens qu'il y a une différence ontologique entre les deux, et que cela doit se répercuter dans le champ éthique. Néanmoins certains des exemples que vous mentionnez, comme la prostitution, ne sont pas immoraux à mes yeux, ni comme actes ni comme représentations. Quant à ceux qui sont véritablement immoraux -tuer, violer, voler, etc.-, je maintiens que l'acte est immoral, mais la représentation n'est que vicieuce, en effet, elle ne porte pas tort à autrui, et c'est à partir du tort porté à autrui que l'on peut définir l'immoralité (pas de crimes sans victimes). Les vices -ce que vous appelleriez de façon imprécise de actes "immoraux" nous nuisant à nous-mêmes- peuvent nous avilir, mais ils ne portent pas atteintes à autrui, et ne sont donc pas immoraux. Les vices ne sont pas des crimes).

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  3. Éh, j'arrive une fois encore après la bataille, beaucoup de choses ont été dites, le débat fait rage, avec de bons arguments de chaque côté. Ça tombe bien, je suis d'une grande flemme intellectuelle ces derniers temps et vu que le sujet est déjà bien entamé ça m'évitera de trop m'étendre.

    Puis, avec un tel thème on n'a pas fini, beaucoup d'idées me viennent à l'esprit, tant le sujet s'avère éminemment intéressant.

    En tout cas, vos innombrables lecteurs ont de quoi se rassasier, cher Laconique ! Vous les régalez et je constate que votre humeur philosophique se poursuit après votre éloge mi-figue mi raisin de ce bon vieux Schopenhauer !

    Donc, pour faire court et afin de ne pas polémiquer sur les points auparavant discutés, je livrerai simplement mon avis, sans trop développer et en vue d'ouvrir le débat.

    Je pense que la véritable différence morale - puisque vous choisissez l'axe de la morale pour traiter de cette différence - entre "l'acte et sa représentation" se situe au niveau des conséquences. Peut-être faut-il envisager une distinction à ce niveau-là. En effet, je vous rejoins, cher Laconique, sur la "nocivité" des représentations malsaines ou immorales, mais j'émettrais volontiers une distinction dans son degré, selon le point de vue envisagé et celui qui la subit, cette "nocivité".
    Pour expliciter ma pensée je vais reprendre un de vos exemples qui me plaît bien, coquin de Laconique, celui de la "prostituée" qui monte dans votre "voiture dans GTA V" afin que vous lui fassiez la totale, mais la démonstration vaut pour les autres exemples aussi, y compris ceux situés dans les commentaires.
    Donc, cher Laconique, vous avez raison, d'un point de vue moral, se taper une pute virtuelle, est aussi immoral en pensée qu'en réalité, mais au contraire de la réalité, vous n'entretenez pas les réseaux de prostitution ni le fait que des gamines albanaises donnent leur cul gratos en jouant à GTA, et si c'est une à son compte elle aura moins de fric.
    Si l'acte virtuel est préjudiciable pour la santé de l'âme de celui qui le met en œuvre, d'un point de vue concret pas vraiment, puisqu'il n'a pas de conséquences phénoménologiques. Et pourtant, cette argument peut facilement être remis en question, puisque l'on sait bien que l'idée est la pierre angulaire du futur acte qui impactera le monde.
    Et, même si l'on réfléchit de votre point de vue, ce n'est pas tout à fait la même chose que de se faire polir le chinois dans GTA V et dans une ruelle sombre en baissant vite fait bien fait son froc : avec GTA vos couilles seront toujours pleines et vous ne risquez pas non plus de vous les gratter sévèrement en choppant des morpions, cher Laconique (je peux donc rejoindre ici le sanglier philosophe à propos de cette histoire d'intensité).
    Et sur ce point on pourrait en revenir à la question morale : est-ce si mal de se dégorger le poireau contre contribution pécuniaire ? Ça pourrait vous éviter, cher Laconique, de pilonner sauvagement une gamine après lui avoir "murmuré une phrase donnée à l’oreille" ou de "toucher la jambe de votre pute de voisine dans le métro" avant de lui faire palper de votre puissant gourdin insatiable, ce qui pourrait, de ces deux points de vue, être un mal, mais un bien aussi...

    Enfin, bref, je m'arrête là, le sujet est bien trop complexe, il mériterait de se perdre en de multiples nuances et subtilités et je préfère aller me taper un cul tout ce qu'il y a de plus réel.

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    1. Ah ! cher Marginal, vous me gâtez avec ce commentaire à la fois subtil et parfaitement clair dans son raisonnement ! Mais tout d’abord j’espère que votre « vrai cul » vous a donné satisfaction ! Vous parlez de ces choses avec tant de délicatesse, tant de respect, on croirait entendre Donald Trump.

      Bon, je crois avoir bien saisi votre position, et elle me paraît parfaitement cohérente. Je ne reviens pas dessus (distinction entre la nocivité pour soi-même d’une part, et la nocivité pour le monde extérieur d’autre part), car à quoi bon répéter ce que vous avez si clairement établi ? Je relève quand même une phrase de votre propos qui me semble viser au cœur du sujet : « l'idée est la pierre angulaire du futur acte qui impactera le monde. » C’est tout à fait ça, je n’aurais pas dit mieux. Tout acte est précédé par une idée, et il est illusoire de prétendre maîtriser son comportement si l’on ne maîtrise pas ses idées, ses représentations intérieures. C’est d’ailleurs là la toute première phrase du « Dhammapada » bouddhiste : « La pensée précède toutes choses. Elle les gouverne, elle en est la cause. » Dès lors, prétendre que les représentations, sous prétexte qu’elles ne sont pas « réelles », sont toutes équivalentes, inoffensives, qu’elles ne sont chargées d’aucun contenu moral, cela me semble bien téméraire. Alors oui, quand je passe un après-midi à tuer des loups et des ours dans « Red Dead Redemption », cela ne peut pas être mis sur le même plan que l’équivalent réel, mais de mon point de vue, du point de vue du sujet, cela me met dans des dispositions qui m’éloignent de la parfaite sérénité, de la Voie, et je remarque que je suis plus impatient, plus réactif, plus agressif après m’être livré à cette occupation. Et c’est parfaitement logique, parfaitement en adéquation avec le bouddhisme, le christianisme, et toutes les sagesses qui prônent la pureté du cœur. Enfin, ce n’est pas à l’impeccable et hiératique émule de Tony Chiba que je vais apprendre ces choses-là !

      Oui, je reviens à des considérations philosophiques en ce moment, le cirque politique qui va se déchaîner pendant un an me semble plus pitoyable qu’autre chose, et du côté littérature je poursuis des lectures de longue haleine, or je n’aime pas chroniquer un livre avant d’être arrivé au bout. Peut-être que l’influence de Johnathan Razorback y est aussi pour quelque chose : dès lors que, selon moi, l’individu n’est rien d’autre que la somme de ses représentations, à force de le voir manier brillamment les concepts ça a forcément des incidences sur mes préoccupations. (Tout comme l’exemple de la prostitution a sans doute des ramifications profondes dans votre fréquentation (je remarque d’ailleurs que, comme par hasard, c’est cet exemple qui vous « plaît bien » et que vous avez choisi d’exploiter (et je vous laisse le soin de déterminer laquelle de ces deux influences est la plus bénéfique pour moi))).

      Enfin, c’est vrai qu’il n’y a pas d’illustration, mais ce n’est pas vraiment prémédité de ma part. J’ai cherché, pensé un moment mettre des images de GTA, mais j’ai préféré ne pas tomber dans le scabreux et ne rien mettre du tout. Ce n’est pas la première fois, l’illustration n’est pas automatique pour moi, je ne suis pas encore un artiste total comme Le Marginal Magnifique !

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  4. Au fait, je note aussi que vous êtes un marrant, cher Laconique, pas d'illustration pour cet article qui traite de la représentation ! Je préfère croire que ce n'est ni un hasard ni un défaut d'inspiration...

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  5. Il faut que je rajoute quand même que je suis entièrement d'accord avec votre dernier paragraphe : c'est bien vu, cher Laconique ! Pour résumer, la société engendre des êtres vils aux pulsions malsaines exacerbées mais pris dans des carcans législatifs. On a donc de véritables cocottes minutes !

    Et pourtant ce n'est pas si simple, cher Laconique, que faites-vous justement de la visée cathartique de ces "représentations" et "divertissements" ?

    Puis, contrôler "les consciences" et ce qu'on leur donne à bouffer, merde, voulez-vous donc que l'on se retrouve aux pires heures du stalinisme ou dans le "1984" d'Orwell ?

    Et vous même seriez d'ailleurs bien emmerdé puisque vous avouez vous régaler en jeux vidéo, cher Laconique ! Et un petit porno de temps en temps n'est pas pour vous déplaire j'en suis certain.

    Voyez donc, cher Laconique, que votre raisonnement comporte plusieurs pierres d'achoppement..

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    1. Mais je suis convaincu, cher Marginal, qu’à long terme, quelques millénaires, c’est ce vers quoi l’on va, une maîtrise absolue des représentations proposées. Voyez les spectacles de gladiateurs, cela ne choquait personne durant l’Antiquité. Le mouvement de la civilisation va dans le sens d’un amendement moral toujours croissant, et nos loisirs sembleront répugnants à nos arrières-arrières-arrières-petits-enfants. L’homme est issu de l’animalité, et ce vers quoi il s’élève, c’est vers l’opposé des pulsions. Mais je n’insiste pas, car je crois que vous ne partageriez peut-être pas tout à fait ces vues…

      On ne vous la fait pas, j’avais en effet pensé à la question cathartique. Il est vrai que dégommer tout ce qui bouge dans « GTA V » ou voir des étudiants bobos se faire dévorer vivants dans « Green Inferno » peut contribuer à évacuer certaines tensions inhérentes au jeu social. Les deux positions sont défendables, mais j’aurais tendance à être du côté de Platon plutôt que d’Aristote, et à penser que limiter et contrôler les représentations est plus efficace pour l’équilibre intérieur (j’en suis même sûr en fait, voir des films ou jouer aux jeux vidéo affecte toujours un peu mon équilibre intérieur).

      Je suis donc bien emmerdé en effet, car je suis un amateur occasionnel de jeux vidéo, et un grand amateur de cinéma d’horreur. Je dois donc gérer mes contradictions, comme tout le monde. (Pour le « porno », je n’avais pas besoin de lire de nombreuses études sur le sujet pour savoir que cela détruit le cerveau, et j’agis donc, sans grand effort, je suis heureux de le constater, en conséquence.)

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  6. Comme tout ceci est dense et distrayant! Je suis tout à fait de l'avis de Marginal même si je ne peux pas revendiquer les métaphores fleuries de notre dégourdi du gourdin...Votre brillant article m'inspire deux réflexions: l'une sur l'indispensable recherche de la mimesis chère aux antiques,imiter le réel ,c'est s'entraîner à le supporter comme un jeu d'enfants.Votre jeu video vous interroge sur la question du mal et en cela il est cathartique...Ma deuxième préoccupation est la montée du virtuel au détriment du réel trop risqué, comme disait Marginal.N'oublions pas le plaisir et le frisson, et une vraie cuite et une vraie étreinte restent indétrônables.

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  7. En effet, chère Orfeenix, on s’est bien marrés sur ce coup. « Le dégourdi du gourdin », comme vous l’appelez fort justement, n’a pas manqué de mettre son grain de sel sur un sujet qui, semble-t-il, lui est cher… Il va falloir que je recentre un peu à l’avenir, là ça n’a plus grand-chose à voir avec la littérature !

    Je n’ai pas encore lu « La Poétique » d’Aristote, mais la question de la mimesis est au cœur de « La République » de Platon, et je trouve que les réflexions qu’il développe sont toujours d’actualité : le sujet n’est jamais extérieur à ce qu’il observe, une synthèse s’opère en lui, et dès lors l’influence des représentations et des œuvres artistiques est cruciale dans ce que Platon appelle « le gouvernement de soi-même »...

    Quant à la réalité virtuelle, on sous-estime énormément cet enjeu. Déjà au Japon ils font des poupées hyper réalistes, dans quelques années il sera absolument impossible de distinguer le réel du virtuel, tout y sera : textures, odeurs, fluides, etc. Alors la question que je pose ne sera plus un jeu de l’esprit, chacun devra mettre sa conscience au clair et prendre position par rapport à la façon dont il entend gérer ses représentations internes. Enfin, vous restez une adepte de la réalité, et je ne peux pas vous donner tort : sans doute on souffre plus, mais je suppose que les roses et les épines vont de pair dans la vie.

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