29 août 2010

Sagesse et littérature

      L’homme inspiré est sans œuvre ; l’homme saint ne laisse pas de nom.
                                                                                                          
      Tchouang-tseu.
 
      Je me demande si la sagesse ne s’oppose pas à la création littéraire. Dans toutes les traditions, le silence est l’apanage du sage. Le moteur de l’écriture, c’est le déséquilibre, l’insatisfaction. Le fanatisme excite la verve de Voltaire comme Napoléon III celle de Hugo. J’aspire à devenir sage, mais je ne peux me résigner à être totalement silencieux. Renoncer à la parole, c’est renoncer à son identité, et je ne suis pas encore assez asiatique pour ça. Gide disait que c’est en assumant autant que possible ses particularités que l’on pouvait produire une œuvre intéressante. Peut-être avait-il raison. Mais c’est dans la direction inverse qui je tends de toutes mes forces : écrire en me détachant le moins possible de la vie telle qu’elle est, de la vie qui me précède et m’ignore.

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