5 avril 2019

Philippe Delerm et l'esprit français



Lu Et vous avez eu beau temps ? de Philippe Delerm, sans grand plaisir, je dois le reconnaître. C’est bien écrit, parfois un peu alambiqué, ça penche vers la préciosité. Littérature de professeur. Pourtant, on sent de grandes qualités humaines chez Philippe Delerm, une vraie chaleur humaine qui nous rend presque honteux par comparaison : il a une vraie empathie pour les enfants, les vieilles personnes, les relations qui durent, etc. Ce doit être un ami délicieux. Par ailleurs, c’est un fin psychologue, un exégète minutieux de nos petites vilenies quotidiennes, dans la lignée de Proust.
Par cette lecture, je mesure à nouveau à quel point je reste réfractaire à un certain esprit français. Ma mère est étrangère, toutes mes références spirituelles sont étrangères, et je l’ai encore senti en lisant ce livre. Il y a un certain esprit français, une appétence française pour la convivialité, la conversation, la tiédeur des relations humaines, la gouaille, etc., à laquelle je n’ai jamais pu adhérer. La Grande Vadrouille, Bienvenue chez les Ch’tis, etc. J’ai une incontestable raideur biblique, que je retrouve également dans le puritanisme américain, et qui est à l’opposé de cette douceur de vivre française. Delerm, lui, en est un parfait représentant : pantoufles, soirées d’automne, Monopoly, baguettes de pain, promenades sur la côte normande, etc. Le souffle des abîmes ne l’a pas touché, ce n’est pas Shakespeare ou Victor Hugo. Il accepte la réalité, s’y fait sa petite place, avec tact, intelligence et bonhommie, et contemple le passage des ans sans émoi et sans vertige. Ah ! je suis prêt à accepter plus de névrose, si c’est pour contempler de plus vastes cieux !

2 commentaires:

  1. Delerm c'est aussi l'éloge de la simplicité et des bonheurs simples. Ne vous y retrouvez-vous pas, cher Laconique ?

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  2. Pas, vraiment, je dois le reconnaître, cher Marginal. Delerm avait écrit un court bouquin sur Paul Léautaud il y a quelques années, que j’avais bien aimé. Mais là j’ai plus de mal. Il y a un fond de consensualité chez lui qui me hérisse – que l’on retrouve aussi chez son fils Vincent Delerm. Vous l’avez dit, je suis un freak, que voulez-vous…

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